Une enquête du cabinet de conseil PwC met en évidence une évolution de l’état d’esprit des cadres du secteur bancaire face à l’émergence des sociétés technologiques financières (fintechs), envisagées de plus en plus souvent comme des partenaires potentiels et une source d’opportunités.

« Après un temps de défiance vis-à-vis des fintechs, les établissements traditionnels prennent pleinement conscience des enjeux face à ces transformations technologiques rapides et perçoivent ces nouveaux entrants comme des alliés potentiels », développe Pwc dans le communiqué accompagnant son étude (1). Près d’un acteur bancaire traditionnel sur deux (45% précisément) a ainsi engagé des partenariats avec des fintechs, contre un tiers il y a un an. Et le mouvement va se poursuivre : 82% des sondés prévoient d’augmenter ces partenariats dans les 5 années à venir.

« La collaboration avec les fintechs, et plus généralement l’innovation, ne consiste pas à suivre le mouvement. Il s'agit au contraire pour une banque ou une société d’assurance de trouver la manière la plus efficace de mener à bien sa stratégie, tout en améliorant son service client », développe Charles-H. de Maleville, associé spécialiste des fintechs chez PwC. « Les clients devraient commencer à ressentir les effets [de ce] rapprochement toujours plus étroit (…). »

Autre évolution notable : les sociétés financières traditionnelles sont désormais près d’un tiers (31%, contre 22% en 2016) à vouloir intégrer ces nouveaux services dans leur propre offre. Une manière d’externaliser la recherche et le développement qui doit permettre aux banques de gagner en agilité, et donc de proposer plus rapidement de nouveaux produits et services. 60% des sondés considèrent ainsi que « l’émergence des fintechs représente une opportunité de développer leur gamme ».

La concurrence des fintechs toujours crainte

Les acteurs traditionnels sont encore 82% (contre 83% en 2016) à estimer qu’ils pourraient perdre une partie de leurs activités au profit des fintechs. C’est particulièrement vrai dans les secteurs des paiements (cité par 68% des répondants), des prêts personnels (58%) des transferts de fonds (56%).

L’intelligence artificielle et la blockchain dans le viseur

Deux secteurs d’innovation intéressent particulièrement les acteurs traditionnels : l’intelligence artificielle (IA) et la technologie blockchain. L’IA fait ainsi l’objet de financements importants - autour d’un milliard d’euros par an sur les deux dernières années - particulièrement en France où 57% des établissements prévoient d’investir dans ce domaine en 2017, contre 34% au niveau mondial. Objectif : améliorer la connaissance du client et l’aide à la décision d’achat.

Le secteur financier perçoit également de plus en plus clairement les opportunités permises par la blockchain. 450 millions d’euros, une somme en hausse de 79% en un an, ont ainsi été investis en 2016 sur cette technologie, qui promet notamment des économies substantielles, une réduction des délais et une meilleure fiabilité dans le secteur des paiements. 77% des établissements prévoient de l’intégrer dans leurs systèmes de production d’ici 2020.

Deux freins au rapprochement

Néanmoins, deux véritables freins au rapprochement subsistent du côté des banques : la sécurité des données (citée par 58% des sondés) et les incertitudes réglementaires (54%).

La réglementation est également une source croissante de préoccupation pour les fintechs, qui observent notamment avec attention la manière dont sera mise en œuvre la 2e directive européenne sur les services de paiement (DSP2), prévue pour 2018.

(1) Enquête menée dans 71 pays répartis en six grandes régions, auprès de 1.308 participants, parmi lesquels des dirigeants, des responsables de l’innovation, des directeurs de systèmes d’information et des membres de directions générales en charge des évolutions numériques et technologiques, tous actifs dans diverses branches des services financiers.