Un peu plus de deux ans après son lancement, N26 est déjà présente dans 17 pays européens, et notamment en France où elle compte 30.000 clients. Comment la néobanque allemande a-t-elle réussi à se déployer aussi rapidement ? Les réponses de Jérémie Rosselli, country manager France de N26.

Jérémie Rosselli, pourquoi autant de hâte à s’internationaliser de la part de N26 ?

Jérémie Rosselli : « Grâce au passeport européen (1), nous sommes capables d’être présents dans toute l’Europe, et nous sommes persuadés que le fait de partir directement au niveau européen est pour nous un avantage fondamental. Pour N26, l’Europe est à la fois un ADN, un standard de travail et une opportunité. »

Qu’entendez-vous par là ?

J.R. : « N26 a été conçue dès le départ comme une banque européenne. Parmi nos 200 collaborateurs, 30 nationalités différentes sont représentées. Nous ne développons pas un produit pour un pays seulement, mais en se demandant systématiquement comment on pourra le déployer, du mieux possible, sur tous les marchés. C’est ce qui s’est passé avec Transferwise [service de transferts internationaux à bas prix, NDLR], qui a été proposé d’emblée dans tous les pays. »

Cette montée en puissance très rapide ne comporte-t-elle pas de risques ?

J.R. : « Nous sommes une société technologique. Nous n’avons pas d’agences, pas de produits à stocker. Nous pouvons donc être présents dans de nombreux pays de façon assez simple, sans grand impact pour l’organisation, et multiplier le nombre de nos clients, d’un clic ou presque, sans avoir besoin de recruter beaucoup plus de collaborateurs ou d’injecter beaucoup de capitaux. »

L’offre de N26 varie toutefois encore beaucoup selon les pays…

J.R. : « Notre ambition est de couvrir progressivement l’ensemble des métiers de la banque de détail : le compte courant, puis les moyens de paiement, puis l’épargne et l’investissement, puis le crédit, puis l’assurance. C’est l’Allemagne qui donne le la, mais tout ce qui est proposé dans ce pays a vocation, à terme, à être déployé ailleurs. »

Il reste toutefois des différences entre les marchés bancaires en Europe. Comment N26 s’y adapte-t-elle ?

J.R. : « Effectivement si, dans le domaine bancaire, les directives européennes ont une influence croissante sur les législations nationales, il reste bien sûr des spécificités locales, liées aux règles de protection des consommateurs, des données personnelles, etc. Dans chaque pays, nous observons les attentes des utilisateurs. Est-ce qu’un produit qui existe ici peut marcher ailleurs ? Est-ce qu’on peut le développer en respectant nos valeurs de rapidité, de simplicité, de compétitivité. Est-ce qu’on peut le généraliser à l’ensemble des pays ? C’est notre questionnement, en permanence. »

Une banque paneuropéenne

Née à Berlin, lancée en Allemagne et en Autriche en janvier 2015, N26 est désormais présente dans 15 autres pays européens (Belgique, Estonie, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Slovaquie, Slovénie et Espagne) et est désormais accessible à 99% de la population de l’Eurozone. Elle revendique 300.000 usagers (dont 10% en France) de 206 nationalités différentes.

(1) Grâce à l’agrément bancaire obtenu en Allemagne, son pays d’origine, N26 est autorisé à exercer ses activités dans l’ensemble des pays de l’Union européenne.