Le lancement début 2017 d’Orange Bank relance chez certains l’hypothèse d’une arrivée d’un autre opérateur télécom, Free, sur le marché de la banque de détail. Sans grand fondement.

C’est un fantasme de longue date pour les afficionados de Free et de son patron, Xavier Niel : que leur opérateur favori vienne « révolutionner » le marché de la banque de détail - en tout cas y casser les prix - comme il l’a fait pour l’internet fixe en 2002 et le mobile en 2012. Avec l’arrivée prochaine d’Orange Bank, l’offre bancaire développée par Orange, ce fantasme semble reprendre de la vigueur.

Une marque déposée… il y a 16 ans

Dans un article publié hier lundi, La Tribune annonce en effet, en titre, une « intrigante Freebank peut-être en embuscade ». A l’appui de cette hypothèse, l’article apporte quelques éléments. Le premier, aux allures de scoop : Iliad, la maison mère de Free, a bien déposé à l’INPI, l’Institut national de la propriété intellectuelle, la marque Free Bank. Toutefois, la date de dépôt invite à relativiser l’imminence du lancement : il remonte en effet à juin 2000. A l’époque, Free n’avait pas encore lancé sa fameuse Freebox et commençait à peine à devenir une marque grand public grâce à un accès internet sans abonnement. Le dépôt était donc probablement défensif, destiné à éviter le parasitisme d’un tiers cherchant à utiliser la popularité de Free pour promouvoir un service financier. Rien, en tout cas, qui puisse indiquer la volonté de Free de contrer dans les mois à venir le lancement d’Orange Bank.

Second élément apporté au dossier : l’existence d’un compte Twitter @MyFreeBank, créé en septembre 2015. Campagne virale destinée à faire monter le buzz sur Free Bank ? Plus certainement l’œuvre d’un fan de Free, agacé par l’arrivée d’Orange sur le marché bancaire et l’ambition affichée par son patron, Stéphane Richard, qui a osé déclarer en janvier 2016 qu’Orange Bank veut être le « Free de la banque ». Il suffit d’ailleurs de remonter le fil des publications pour se rendre compte que le compte s’appelait à l’origine @ubermiles et qu’il a été rebaptisé le 5 octobre dernier. Soit 24 heures après l’officialisation par Orange du rachat de Groupama Banque, qui ouvre définitivement la voie à Orange Bank.

D’autres opérateurs intéressés par la banque de détail ?

Au final, les indices d’une arrivée de Free sur le marché de la banque de détail apparaissent très minces. Comme le souligne le site Freenews, « Free n’est pas connu pour aimer la diversification. Historiquement concentré sur ses activités d’opérateur télécoms, il est rare que celui-ci ait eu envie de s’aventurer ailleurs. » A fortiori sur une activité aussi réglementée et coûteuse que la banque, alors que Free a au contraire habilement profité de la dérégulation du secteur des télécoms pour se faire une place dans le paysage.

Pour autant, si on voit mal Free lancer effectivement sa Free Bank, au moins à court terme, cela ne signifie pas que l’exemple d’Orange ne sera pas suivi par d’autres. La France compte en effet deux autres opérateurs mobiles, SFR et Bouygues, confrontés à la même problématique que le leader du marché : diversifier leurs activités, afin de compenser les baisses de revenus engendrées notamment… par l’arrivée de Free sur le marché du mobile en 2012.

Ainsi, comme le rappelle La Tribune, SFR a récemment déposé la marque « Let’s pay by SFR », qui pourrait laisser supposer une arrivée prochaine sur le marché, annoncé juteux, du paiement mobile. Exactement comme Orange l’a fait en son temps (octobre 2015), avec le déploiement d’Orange Cash