L'enquête ouverte après la plainte d'une ancienne magistrate, Chantal de Leiris, dont un enregistrement réalisé à son insu a été utilisé par la défense de Jérôme Kerviel, a été dépaysée à Lille, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.

Cette plainte, qui vise l'ancienne policière de la Brigade financière Nathalie Le Roy, qui a réalisé cet enregistrement, ainsi que l'ancien trader de la Société Générale et son avocat, Me David Koubbi, pour recel, a donné lieu à l'ouverture d'une information judiciaire.

Celle-ci a ainsi été dépaysée pour ne pas être examinée à Paris, où Chantal de Leiris était en poste. Chantal de Leiris « se réjouit de la poursuite de cette procédure qu'elle a initiée », a réagi son avocat, Me Olivier Baratelli.

« Evident » que la Société Générale était au courant

Dans cet enregistrement clandestin, qui daterait du 15 juin 2015, on peut entendre une conversation privée tenue dans un café parisien entre Chantal de Leiris, ex-vice-procureure de la République de Paris, et Nathalie Le Roy, en charge de l'enquête sur l'affaire Kerviel. L'ancienne magistrate, désormais retraitée mais réserviste, y affirmait notamment qu'il était « évident » que la Société Générale était au courant des opérations de son trader.

Des extraits sélectionnés par la défense de l'ex-trader de la Société Générale avaient été utilisés au troisième procès de Jérôme Kerviel. A l'issue de ce procès, la Cour d'appel de Versailles a réduit à un million d'euros - contre 4,9 milliards précédemment - les dommages et intérêts que Jérôme Kerviel est condamné à verser à la banque. Au pénal, Jérôme Kerviel a été définitivement condamné à cinq ans de prison, dont trois ferme.