Le Crédit Mutuel Arkéa demande une « séparation ordonnée » au président de la Confédération nationale du Crédit Mutuel, en posant un ultimatum au 26 mai. En réponse, le conseil d’administration de la confédération menace de retirer la marque « Crédit Mutuel » en cas de « demande formelle », selon un communiqué diffusé ce mercredi.

Le bras de fer entre le Crédit Mutuel Arkéa et la Confédération nationale de l’enseigne a franchi un nouveau seuil, dans l’escalade. Le 3 mai dernier, Jean-Pierre Denis, président du Crédit Mutuel Arkéa, a rencontré Nicolas Théry, récemment élu à la tête de la confédération. « A cette occasion, Jean-Pierre Denis a proposé une ''séparation ordonnée'' entre Arkéa et le Crédit Mutuel », précise le communiqué de la confédération. Cette séparation donnerait lieu à la « reconnaissance par la loi d’un nouvel organe central Arkéa », le nouveau groupe se dénommant alors Arkéa mais avec la possibilité d’utiliser l’appellation commerciale Crédit Mutuel. Selon ce communiqué, Jean-Pierre Denis aurait posé un ultimatum au 26 mai pour conclure un accord, faute de quoi Arkéa poursuivrait les procédures contentieuses en cours.

Le Crédit Mutuel Arkéa, basé à Brest, regroupe les fédérations de Bretagne, du Sud-Ouest et du Massif Central. Ce groupe remet en cause les nouveaux statuts de la Confédération nationale du Crédit Mutuel (CNCM), qui menacent son autonomie et qui sont selon lui « entachés de graves illégalités ». Le groupe Arkéa dénonce par ailleurs de longue date la place privilégiée du Crédit Mutuel Centre Est Europe, basé à Strasbourg, dans les instances de la confédération. Les nouveaux statuts, qui visent à rendre l’organe central du Crédit Mutuel compatible avec le mécanisme de supervision bancaire européen, ont cependant été approuvés par le ministère des Finances et par le régulateur bancaire, l’ACPR, en mars dernier. Une décision qu’Arkéa avait jugé « inacceptable ».

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Aucune « demande formelle de séparation »

C’est donc suite à ces derniers événements que s’est tenue, le 3 mai dernier, la rencontre entre les présidents d’Arkéa et de la CNCM. Le conseil d’administration de la confédération répond à cette proposition de « séparation ordonnée » dans le communiqué livrant un compte-rendu de la séance de ce 18 mai. L’organisme affirme ainsi « qu’aucune instance représentative du Crédit Mutuel Arkéa » n’a adopté de « demande formelle de séparation ».

Le conseil d’administration de la CNCM considère qu’une « séparation se traduirait par une protection moindre des caisses, des sociétaires et des salariés des trois fédérations concernées », et qu’il « n’est donc pas dans l’intérêt d’une de ses entités d’entrer dans une négociation de séparation ». La CNCM rajoute qu’une demande formelle de séparation « entraînerait automatiquement la remise en cause de l’utilisation de la marque Crédit Mutuel », soulignant ainsi qu’une telle négociation ne serait pas « non plus » dans l’intérêt d’Arkéa. L’instance dirigeante de la confédération donne donc mandat à son président, Nicolas Théry, pour « poursuivre les discussions » avec Arkéa.

Arkéa : une proposition rejetée « sans examen approfondi »

Dans une déclaration diffusée en fin d'après-midi à la presse, Arkéa « prend acte de ce refus » mais déplore que son projet ait été « relayé succinctement » et que ses « tentatives constructives d'ouverture et de dialogue se soldent par un tel rejet ». Le groupe breton affirme que ses « propositions étaient de nature à trouver un accord avec la confédération » et à « permettre la reconnaissance de l’existence de deux groupes bancaires autonomes et concurrents sur l’ensemble de leurs métiers ». Affirmant sa volonté « d’une issue durable, rapide et apaisée » à ce conflit, le Crédit Mutuel Arkéa estime que la confédération nationale a repoussé le projet « en bloc, sans examen approfondi ».