La fédération FO-Banques a dépeint mercredi le « tableau sombre » d'une profession « en constante restructuration » et qui pourrait devenir « la sidérurgie de demain », les mutations technologiques pouvant conduire à une « catastrophe sociale ».

Depuis la crise financière de 2007, les banques commerciales françaises « sont toutes revenues à des bénéfices, substantiels et récurrents », pour atteindre un gain total de 20 milliards d'euros en 2015, a affirmé le responsable fédéral, Sébastien Busiris, devant la presse. Malgré cela, les plans sociaux « s'enchaînent » dans une profession qui « détruit de l'emploi » (3.000 emplois nets supprimés par an), et ce « quelles que soient les aides accordées par le gouvernement », a-t-il dit.

D'après FO, les établissements affiliés à l'AFB (banques commerciales) ont touché 300 millions d'euros sur trois ans au titre du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) et toucheront, d'ici à 2020, 6 milliards d'aides à travers le pacte de responsabilité. « Une fois de plus, un chèque en blanc va être accordé au patronat bancaire, qui va l'encaisser sans jouer son rôle en termes de créations d'emplois », a déploré M. Busiris.

Objectifs en hausse, effectifs en baisse

Les salariés sont pris « entre le marteau et l'enclume », avec des objectifs commerciaux en hausse et des effectifs en baisse, selon lui. A la Société Générale par exemple, le nombre d'arrêts pour « maladie, dépression ou, pire, burn-out », est élevé selon Eric Fogel, délégué FO. « Les conditions de travail se détériorent », « le moral des salariés est de plus en plus bas », poursuit Angélique Faria de HSBC France, un établissement « en constante restructuration interne depuis 2008 ».

Dans les Caisses d'Épargne, « le stress et les ventes forcées » épuisent les salariés, affirme Christiane Sogorb, faisant état de « beaucoup de suicides, dont certains reconnus par la Sécurité sociale ».

Les outils numériques pointés du doigt

Et le pire pourrait être à venir, prévient M. Busiris. « La banque sera très certainement la sidérurgie de demain », avec l'arrivée de « nouveaux outils intelligents qui pourraient encore accélérer (les) suppressions d'emplois ». « On pourrait rapidement avoir à gérer une catastrophe sociale », craint-il.

Son syndicat s'inquiète particulièrement du partenariat noué entre IBM et le groupe Crédit Mutuel CIC pour développer la version française du projet Watson, un système d'intelligence artificielle qui sera à terme capable de dialoguer avec un client. Avec ces outils-là, « le sens donné à notre travail va être dévalorisé », affirme un délégué FO. Pour Eric Anglade du Crédit mutuel, la solution n'est pas de supprimer le banquier mais de revenir à son métier : prodiguer « des conseils avisés » au client, et non « lui fourguer un produit dont il n'a pas besoin ».