La justice française a remis lundi à plus tard toute décision sur un éventuel nouveau procès de Jérôme Kerviel, ce qui a permis à l'ex-trader comme à son ancien employeur et désormais adversaire, Société Générale, de crier victoire.

« Ca va être un long combat, on est prêt, j'ai confiance en l'issue de la procédure », a dit Jérôme Kerviel après avoir appris le sursis à statuer décidé par la commission d'instruction rattachée à la Cour de révision. Cette instance avait trois possibilités : rejeter la demande de l'ex-trader, la transmettre à la Cour de révision, seule habilitée à prendre la décision, rarissime en France, de tenir un nouveau procès, ou sursoir à statuer.

Société Générale et Kerviel crient victoire

« Nous sommes particulièrement satisfaits de ne pas avoir été déboutés », a dit Me David Koubbi, son avocat, pour qui la décision lundi montre que la démarche en vue d'un nouveau procès est « fondée ». « Il s'agit d'un premier pas d'importance », s'est-il félicité. Me Koubbi a rappelé que l'ex-trader avait déposé trois plaintes contre Société Générale, qu'il accuse d'avoir manipulé l'enquête, lesquelles sont encore à l'instruction.

« C'est une victoire pour la Société Générale », qui avait demandé un report, a pour sa part affirmé Jean Veil, avocat de la banque. Pour lui, si la justice a décidé de reporter sa décision, ce n'est pas parce qu'un « fait nouveau » justifierait de rouvrir le dossier, mais parce que « prudemment, (elle) attendra que les instructions soient terminées » en ce qui concerne les plaintes de l'ex-trader. Me Jean Veil a assuré qu'il n'y avait « aucun doute » que la demande d'un nouveau procès serait finalement rejetée.

Escroc pour les uns, bouc-émissaire pour d'autres, Jérôme Kerviel, 39 ans, accusé en janvier 2008 d'avoir fait perdre 4,9 milliards d'euros à sa banque, a été condamné à cinq ans de prison dont trois ferme. Il avait finalement été remis en liberté conditionnelle en septembre 2014.