La sécurité des données clients n’est pas le premier souci des banques, confrontées à l’émergence de sociétés innovantes dans le secteur des technologies financières (fintech). Selon une récente étude du cabinet de conseil PwC, c’est la pression exercée sur leurs marges qui les inquiète le plus.

Ce n’est pas un scoop : les banques observent avec intérêt, mais aussi méfiance, l’émergence des fintechs. Selon l’étude internationale (1) publiée par PwC, 95% des cadres bancaires interrogés s’attendent à « perdre une partie de leurs activités » à leur profit. 23% des cadres du secteur financier au sens large (banque, assurances, paiements, etc.) estiment même qu’elles pourraient se retrouver « en péril » face à cette nouvelle concurrence.

Dans leurs argumentaires anti-fintechs, les banques insistent souvent sur la question de la sécurité des données. Il est vrai que l’évolution de la réglementation - notamment, pour l’Europe, la 2e directive sur les services de paiement - accompagne l’émergence de services tiers qui pourraient à terme être autorisés à exploiter les données jalousement conservées par les banques. Pour autant, cette question reste secondaire pour les cadres interrogés par PwC. Citée par 56% d'entre eux, elle est devancée par la crainte de perdre des parts de marché (59%), et surtout par la pression exercée sur leurs marges (67%). « Via l’innovation, les fintechs introduisent progressivement des améliorations fonctionnelles en rupture qui permettent ainsi de baisser les coûts opérationnels et maintenir la pression sur les marges », développe PwC.

Des freins aux rapprochements banques-fintechs

Face à ces transformations, les banques « ne peuvent pas se permettre d'ignorer les fintechs », estime Charles-H. de Maleville, associé chez PwC. Mais le rapprochement entre les deux univers s’annoncent complexe. « Le partenariat collectif est la forme la plus répandue de collaboration avec les fintechs », constate l’étude, « ce qui révèle que les sociétés de services financiers ne sont pas prêtes aujourd’hui à s’associer aux fintechs et à investir massivement dans ces nouveaux acteurs ».

Parmi les obstacles empêchant le rapprochement, le principal pour les banques est la sécurité informatique (citée par 53% des sondés), devant les incertitudes réglementaires (49%) et les divergences de modèle économique (40%). Côté fintech, le principal frein se situe au niveau des différences de gestion et de culture (54%).

(1) « Blurred Lines : how FinTech is shaping Financial Services », enquête menée dans 46 pays auprès de 544 participants, cadres du secteur financier.