Quelque 15.000 personnes selon les organisateurs, 10.200 selon la police, ont défilé dimanche à Brest pour « le maintien de l'emploi et des centres de décision en région », à l'appel d'un collectif de salariés bretons du Crédit Mutuel Arkéa inquiet du sort du groupe en raison d'un projet de réforme de son organe central.

La foule - réunissant des élus de tous bords, des administrateurs de caisses locales, des acteurs économiques et des salariés du groupe venus de Bretagne, mais aussi du Sud-Ouest et du Massif Central - s'est rassemblée devant la mairie, dont la façade était ornée de deux grandes banderoles « Vent debout pour l'emploi », avant de défiler dans le centre-ville, sous le soleil, a constaté l'AFP. De nombreux élus, parmi lesquels le maire (divers gauche) de Carhaix Christian Troadec, participaient au cortège, suivis des salariés. Nombre d'entre eux étaient coiffés de bonnets rouge et gris, aux couleurs de la banque coopérative bretonne, fabriqués par l'entreprise de prêt-à-porter Armor Lux qui avait fabriqué ceux des Bonnets rouges contre l'écotaxe en 2013.

« L'union sacrée des Bretons »

« C'est l'union sacrée des Bretons, nous voulons garder nos emplois et nos centres de décision », a déclaré à l'AFP le député (Les Républicains) Marc Le Fur, chef de file de la droite aux régionales. « Je me battrai contre des décisions parisiennes qui voudraient faire une OPA sur le Crédit Mutuel », a-t-il souligné, en tête du cortège où flottaient les drapeaux bretons et ceux aux couleurs de la banque.

Pour le maire PS de Brest, Francois Cuillandre, « si demain il y avait fusion, une partie des emplois pourraient disparaître, c'est un enjeu fort ». « Ce mouvement c'est un peu contre Paris, mais surtout pour préserver nos emplois, que les gens comprennent qu'il y a des êtres humains derrière la finance », a renchéri Aude, salariée du Crédit Mutuel Arkéa à Brest.

Un appel au Premier ministre

« Nous demandons à Manuel Valls de suspendre la réforme » de la Confédération nationale du Crédit Mutuel (CNCM), « et de garantir notre autonomie », a lancé, lors d'une prise de parole avant le départ du cortège, Anne-Katell Quentric, porte-parole du collectif « Vent debout pour l'emploi », qui estime à 4.000 le nombre d'emplois directs et induits menacés en Bretagne si cette réforme aboutissait.

Le Tribunal de grande instance de Paris a annulé mardi les résolutions concernant un changement de statut de la Confédération nationale du Crédit Mutuel adoptées le 14 octobre 2015 lors d'une assemblée générale de la CNCM, et contestées par le groupe Arkéa, sa branche de l'Ouest. Le tribunal a estimé que les résolutions prises lors de cette assemblée auraient dû être adoptées à l'unanimité des membres et non à la seule majorité.

Crainte de perte d'autonomie

Cependant, le Crédit Mutuel Arkéa, dont les relations avec son organe central sont mauvaises depuis des années, craint avec ce projet de perdre son autonomie au profit de l'autre branche de la CNCM, le CM11-CIC, qui rassemble onze fédérations notamment dans l'Est de la France, et avec lequel il estime être en concurrence.

Le groupe Arkéa, dont le siège se situe près de Brest, emploie 9.000 personnes, dont près de 6.500 en Bretagne. Troisième employeur privé de Bretagne, Arkéa réunit le Crédit Mutuel de Bretagne, le Crédit Mutuel du Sud-Ouest et le Crédit Mutuel du Massif central.