La magistrate Chantal de Leiris affirme mercredi dans le quotidien Le Monde que les enquêtes sur l'affaire Kerviel n'ont pas été manipulées par la Société Générale, contrairement à des propos enregistrés à son insu et reproduits dimanche dans la presse.

« La Société Générale n'a pas eu prise sur moi ni sur la Brigade financière » a déclaré Chantal de Leiris au quotidien daté de jeudi. Alors vice-procureure au parquet de Paris, la magistrate avait en particulier travaillé sur des plaintes déposées en 2012 par Jérôme Kerviel et son avocat David Koubbi. Ces derniers accusent la Société Générale d'avoir « truqué » l'enquête sur sa gigantesque perte de près de 5 milliards d'euros, révélée en 2008 et dont Jérôme Kerviel a, au moins au pénal, été jugé seul coupable.

Des enquêtes « conduites avec rigueur »

« Les plaintes ont été classées parce qu'il n'y avait pas matière à poursuivre », a dit Chantal de Leiris au Monde, assurant que les enquêtes ont été « conduites avec rigueur ».

Dimanche, à quelques heures d'une audience sur une demande de révision déposée par Jérôme Kerviel, 20 Minutes et Mediapart avaient publié des propos fracassants de cette même magistrate. Chantal de Leiris a été enregistrée à son insu par Nathalie Le Roy, une commandante de la Brigade financière devenue témoin à charge contre la banque, qu'elle accuse d'avoir orienté les enquêtes.

« La Société Générale savait, c'est évident »

« La Société Générale savait, savait, c'est évident, évident », aurait dit Chantal de Leiris à Nathalie Le Roy, en lançant à la policière : « C'est vrai ce que vous dites, vous avez été entièrement manipulée par la Société Générale. »

L'ex-trader a été condamné à cinq années d'emprisonnement doit trois ferme. Persuadé que son employeur était parfaitement au courant de ses manœuvres, il tente d'obtenir un nouveau procès et a déposé d'autres plaintes, avec constitution de partie civile, ce qui oblige un juge d'instruction à s'en saisir.

L'affaire reste par ailleurs ouverte au civil, c'est-à-dire pour ce qui concerne les dommages-intérêts. La banque réclamait jusqu'ici à l'ex-trader le remboursement intégral de sa perte. La cour d'appel de Versailles, qui doit juger ce volet civil, décidera le 29 janvier si le procès s'ouvre bien ou s'il est reporté, le temps d'y voir plus clair sur la demande de révision engagée par Jérôme Kerviel.