Parmi les nouveaux entrants susceptibles de changer la donne sur le marché bancaire, les salariés du secteur craignent plus la concurrence des plateformes de financement participatif que celle des géants technologiques (Google, Apple, etc.) ou des start-ups financières.

Interrogés - dans le cadre d’un baromètre « transformation du secteur bancaire » commandé par le cabinet de conseil Kéa (1) - sur l’éventualité de l’installation de nouveaux acteurs non-bancaires sur leurs marchés, les trois quarts des salariés interrogés considèrent qu’il s’agit d’une perspective inéluctable, et 68% qu’elle représente une menace réelle pour leur établissement, à court (7%), moyen (38%) ou long terme (23%).

En première position des concurrents crédibles, ce sont les acteurs de la finance participative qui se distinguent, cités par 46% des sondés. De façon assez étonnante, les plateformes de crowdfunding, encore balbutiantes en France, inquiètent donc plus que les surpuissants GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon, etc.), qui ont pourtant tous dévoilé des projets, notamment dans le domaine des paiements. Les Fintech, start-ups opérant sur des marchés tenus aujourd’hui par les banques, arrivent en 3e position (37%), devant les grandes enseignes de distribution (36%) et les opérateurs télécom (21%).

Les usages des clients, premier facteur de changement

Cette concurrence, toutefois, n’est pas le premier facteur de transformation des banques selon leurs salariés. C’est d’abord l’évolution des usages des clients, citée par 55% des sondés, qui les poussent à changer, devant les impératifs de rentabilité (50%) et l’évolution de la réglementation (49%). C’est également la relation clients qui évolue le plus rapidement. Et il y a urgence : pour 47% des personnes interrogées, elle s’est détériorée ces dernières années, à cause de clients mieux informés, plus exigeants et plus méfiants, mais aussi d’une diminution des moyens engagés par les banques pour les satisfaire.

Malgré ce tableau assez sombre, les salariés du secteur bancaire semblent conserver un certain optimisme. 67% d’entre eux se disent motivés par le changement, et 83% considèrent que la stratégie de leur enseigne est pertinente. Ils sont toutefois conscients qu’elle aura des répercussions. Parmi les évolutions à venir, la plus couramment citée est la diminution du nombre d’agences (19%), devant la « digitalisation » de la relation client (16%). D’où une crainte majeure, pour 17%, des sondés : celle de la perte d’emploi.

(1) Etude réalisée auprès d’un échantillon de 820 salariés du secteur bancaire, en ligne, du 26 juin au 17 juillet 2015, par l’institut OpinionWay pour Kéa. 70% des sondés sont des collaborateurs, 29% des managers intermédiaires et 2% des cadres dirigeants.