Au 1er janvier 2016, deux des principales banques de détail, BNP Paribas et Société Générale, vont commencer à prélever à leurs clients des frais de tenue de compte, à hauteur respectivement de 2,50 et 2 euros par mois. Un alignement tardif sur la concurrence, puisque 8 enseignes sur 10 les facturent déjà.

Depuis ce matin, la presse s’emballe autour d’une information pourtant publique depuis la mi-octobre : à compter du 1er janvier 2016, BNP Paribas va facturer des frais de tenue de compte à ses 7 millions de clients particuliers, à hauteur de 30 euros par an. Une évolution tarifaire qui a valeur de symbole, venant de la plus puissante banque française, mais qui est pourtant un non-événement.

La généralisation de la facturation des frais de tenue de compte par les banques de détail françaises, en effet, n’est pas un phénomène nouveau. L’explosion de cette pratique, relativement marginale en France jusqu’alors, date de 2013. Face à l’ampleur du phénomène, elle a même intégré depuis le 1er janvier 2014 l’extrait standard des tarifs, document placé en exergue des brochures tarifaires et qui intègre les services les plus couramment facturés.

Lire à ce sujet : comment les frais de tenue de compte ont explosé

Début 2015, ce sont ainsi 73% d’un panel de 126 banques tiré du comparatif cBanque des tarifs en France qui facturaient la tenue de compte. Un pourcentage qui passera à 82% au 1er janvier 2016.

La Société Générale aussi

BNP Paribas n’est pas non plus la seule grande banque de détail à se rallier tardivement à cette pratique devenue dominante. C’est aussi le cas de l’autre grande banque privée française, la Société Générale, qui avait pris soin de prévenir ses clients dès mars 2015. A compter du 1er janvier, elle facturera la tenue de compte 2 euros par mois. Un peu moins chère, donc, que BNP Paribas, qui fera payer à la même date 2,50 euros par mois.

Comment les enseignes justifient-elle cette nouvelle facturation, alors même que le prix des services bancaires, notamment des moyens de paiement, continue par ailleurs à augmenter en France ? Officiellement, il s’agit de veiller « à la préservation d'un service de qualité, d'un niveau de sécurité élevé et au maintien d'un réseau de proximité sur tout le territoire », expliquait en septembre 2014 la Fédération bancaire française (FBF), association professionnelle représentative du secteur. Un argumentaire qui peut surprendre, à l’heure où un tiers des Français se considèrent plus compétents que leur conseillers financiers en matière de gestion de budget et où certaines enseignes, notamment la Société Générale, commencent à assumer des fermetures massives d’agences.

Un montant moyen de 18,50 euros

Les banquiers eux-mêmes l’admettent : la généralisation des frais de tenue de compte est avant tout une manière de restaurer leurs marges, entamées par une série de plafonnements de tarifs bancaires autrefois fixés librement. Sous la pression de l’Autorité de la concurrence, les banques ont ainsi limité depuis 2012 le montant des commissions d’interchange, perçue à chaque fois qu’un de leurs clients effectue un paiement par carte. Depuis le 1er janvier 2014, les commissions d’intervention, facturées en cas d’incident de fonctionnement du compte, sont également plafonnées. Et ce sera aussi le cas, à compter du 1er janvier prochain, des frais de tenue de compte inactifs, facturés actuellement 57 euros par an en moyenne, et qui ne pourront plus dépasser les 30 euros.

C’est donc au nom de la compensation de revenus perdus sous l’effet de la réglementation, plutôt qu’en échange d’une amélioration de service, qu’un nombre croissant de Français vont se voir facturer, en moyenne, 18,50 euros en 2016 pour la tenue de leur compte, un chiffre en augmentation de 2,30 euros par rapport à 2015.

Une différence de plus avec les banques en ligne

Il existe toutefois une solution pour y échapper : la migration vers les banques en lignes. Les frais de tenue de compte font en effet partie des lignes tarifaires non facturées par ces enseignes 100% numériques, à l’image de la carte bancaire ou des commissions d’intervention.

Il n’y a toutefois pas de quoi inquiéter outre-mesure les acteurs traditionnels. Le taux de mobilité bancaire, d’abord, reste faible en France : 4% environ en 2014. Surtout, à l’exception d’ING Direct qui appartient à un groupe néerlandais, les banques en ligne sont toutes des filiales des grands groupes bancaires français. Ainsi, au moment même où elle officialisait la fermeture d'un cinquième de ses agences d'ici 2010, la Société Générale fixait un cap de deux millions de clients (contre 720.000 actuellement) à la même date pour Boursorama Banque, sa filiale 100% numérique.

Pour aller plus loin : Frais bancaires et comparaison des tarifs en France