Comme chaque année, le rapport « Global Payments » du Boston Consulting Group (BCG) décortique l’industrie des paiements, en pleine mutation technologique. Selon les données compilées par l’agence de conseil, chaque transaction effectuée en 2014 a rapporté 0,85 dollar aux banques. Un revenu unitaire qui tend toutefois à baisser, notamment en Europe de l’Ouest.

Au niveau mondial, le marché des paiements est colossal : en 2014, il a généré 1.100 milliards de dollars de revenus. Selon les projections du BCG, ces revenus devraient continuer à progresser, de l’ordre de 6% par an, pour atteindre la barre des 2.000 milliards d’euros en 2024.

Cette croissance sera la conséquence de l’augmentation du nombre total de paiements effectués, grâce notamment au déclin de l’usage des espèces. Car dans le même temps le revenu généré pour chaque transaction a tendance à diminuer. Actuellement, il varie déjà énormément selon les zones géographiques. Il atteint des sommets sur les marchés émergents, comme la Chine, le Brésil ou l’Inde, où chaque transaction rapporte un dollar, contre seulement 0,79 dollar sur les marchés matures, en Amérique du Nord, en Europe de l’Ouest et dans les pays développés d’Asie-Pacifique (Japon, Australie, etc.).

0,32 dollar par paiement en Europe de l’Ouest d’ici 10 ans

Si l’on zoome sur l'Europe de l’Ouest, ce revenu est encore inférieur : 0,41 dollar pour les seuls paiements de détail, ceux initiés par les consommateurs. Il devrait encore baisser de 2% d’ici 2024, pour atteindre 0,34 dollar. « Les revenus tirés des paiements sont sous pression en Europe de l’Ouest », commente le BCG. « De nouvelles régulations limitent les commissions de transactions, et la faiblesse persistante des taux d’intérêt fait baisser les marges (…). »

Au total, les revenus générés par les paiements de détail en Europe de l’Ouest devraient tout de même progresser de 2%, grâce surtout aux frais de tenue de compte et dans une moindre mesure aux commissions sur les paiements par carte. Mais de manière beaucoup moins dynamique que dans les pays émergents de l’Asie-Pacifique (+10%) ou d’Amérique Latine (+8%).

La concurrence des nouveaux entrants

Toutefois, le principal danger pour les banques est ailleurs. S’il veut conserver la manne des paiements, qui représente plus d’un quart de ses revenus à l’échelle mondiale, le secteur bancaire va devoir résister à la déferlante annoncée de nouveaux entrants sur ce marché. « Le potentiel de croissance de cette activité est élevé, notamment du fait du remplacement des paiements en cash par des paiements par carte et de l’émergence des nouveaux moyens de paiement », confirme Olivier Sampieri, directeur associé du BCG et coauteur du rapport. « Les banques devront cependant résister aux assauts de nouveaux acteurs tels que les géants des nouvelles technologies et les Fintech qui investissent ce marché. »

Pour y parvenir, elles doivent, estime Olivier Sampieri, investir, innover et former les consommateurs et les commerçants à l’usage des nouveaux moyens de paiement. Nouer des alliances, aussi, avec certains nouveaux entrants (les opérateurs télécom, les réseaux du type MasterCard ou Visa), mais en veillant bien à garder la maîtrise de la relation avec leurs clients.