« Je pensais que cela ne posait pas de problème déontologique » : François Pérol, l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, jugé en correctionnelle pour « prise illégale d'intérêts », s'est défendu lundi au tribunal à propos de sa nomination à la tête du groupe bancaire BPCE.

Le banquier et ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée est jugé pour « prise illégale d'intérêts » pour avoir accepté en février 2009 de prendre la tête du nouveau groupe BPCE né de la fusion des Caisses d'Epargne et des Banques Populaires alors qu'il avait suivi le dossier de la fusion à l'Elysée.

Claude Guéant, l'ancien secrétaire général de l'Elysée, son supérieur hiérarchique, avait créé la surprise jeudi en affirmant que c'était Nicolas Sarkozy lui-même qui avait proposé le nom de François Pérol à la tête du futur groupe bancaire, ajoutant que l'ancien président suivait avec intérêt ce dossier qui « ne le laissait pas indifférent ».

Interrogé par le président Peimane Ghaleh-Marzban sur les circonstances dans lesquelles Nicolas Sarkozy lui a fait cette proposition, François Pérol a situé l'entretien au 18 février dans le bureau présidentiel à l'Elysée, où il était venu faire le point sur l'avancement du projet de fusion en cours. « Je lui ai dit que les choses étaient réglées mais qu'il manquait une pièce essentielle : on n'avait pas de dirigeant », a raconté François Pérol à l'audience après avoir rappelé l'impossibilité des présidents des deux banques à se mettre d'accord sur un nom.

Sarkozy : « Quelque chose que vous pourriez faire ? »

« Il m'a dit : comment cela est-il possible ? C'était très difficile à comprendre pour lui. Puis il a ajouté : est-ce-que ce ne serait pas quelque chose que vous pourriez faire ? Mais d'un autre côté, je n'ai pas envie que vous partiez. Qu'est-ce-que vous en pensez ? », a raconté à la barre le prévenu.

L'ancien conseiller de l'Elysée a expliqué que l'ancien président, critiqué pour avoir aidé les banques privées sans contreparties, pensait que c'était bien d'avoir à la tête du nouveau groupe « quelqu'un qui incarne l'État ».

« Ma décision, pas celle du président »

« Je lui ai donné une réponse positive deux jours plus tard. C'était ma décision, pas celle du président. Il ne m'a pas donné d'instruction, mais a plutôt été ambivalent », a-t-il affirmé en expliquant en avoir parlé avant à Claude Guéant « que l'idée séduisait » et à sa compagne « que cela ne séduisait pas du tout ».