La France, l'Allemagne et l'Italie vont emboîter le pas de la Grande-Bretagne et rejoindre la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB), une initiative de Pékin que Washington considèrerait d'un mauvais œil, a-t-on appris mardi de source française.

« Le ministère des Finances a confirmé que la France allait rejoindre la banque AIIB », a déclaré à l'AFP un porte-parole, confirmant une information du Financial Times. Il s'agit « d'une décision convergente avec l'Allemagne, l'Italie », a-t-il précisé, alors que les gouvernements allemand et italien ne commentaient pas dans l'immédiat. En moins d'une semaine, ce sont quatre grands pays européens qui manifesteraient leur volonté de participer au développement de l'AIIB, une banque de financement régionale pilotée par Pékin, car la Grande-Bretagne a officialisé son souhait d'y entrer la semaine dernière.

L'objectif de l'AIIB est de financer des projets d'infrastructures dans la région asiatique, entrant donc en concurrence avec la Banque mondiale, une des deux institutions de Bretton Woods (avec le FMI) basée à Washington, ou la Banque asiatique de développement, dominée par le Japon et les Etats-Unis. L'AIIB devrait être elle basée à Pékin et dotée d'un capital initial de 50 milliards de dollars. La Chine a lancé formellement cette initiative en octobre 2014 en signant un protocole d'accord avec 20 autres pays, dont l'Inde, le Qatar, mais pas le Japon par exemple, et, qui ne convainc pas Washington.

Une « bonne chose » pour le président du Parlement européen

Interrogé par la presse à Pékin sur l'arrivée possible de ces partenaires européens, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois a déclaré que Pékin « accueillait bien volontiers les pays pressentis pour rejoindre d'AIIB comme membres fondateurs », ajoutant que des pays « hors de la région participeront à accroître la représentativité de l'AIIB ».

Le Royaume-Uni, veut « jouer un rôle clef pour s'assurer que l'AIIB intègrera les meilleures règles en matière de responsabilité, de transparence, et de gouvernance », avait déclaré le ministre britannique des Finances, George Osborne, la semaine dernière. Présent à Pékin, le président du Parlement européen Martin Schulz a déclaré que de telles adhésions étaient une « bonne chose », et qu'il trouverait « encore mieux si d'autres pays membres rejoignaient » l'AIIB.

Une autre banque de développement est en gestation et pourrait venir bousculer la domination des institutions de Bretton Woods : la banque des grands pays émergents Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud), qui pourrait voir le jour en 2016.