2015 s’annonce comme une année charnière dans le secteur des moyens de paiement. Si les anciennes manières de payer (le cash, le chèque) font de la résistance, les nouvelles (NFC, wallets, paiement mobile, etc) vont se multiplier, et les usages peut-être se développer. Alors, paierez-vous toujours de la même façon dans un an ?

Apple Pay : décollage attendu pour le paiement mobile

Apple Pay, le service de paiement d’Apple qui rapproche carte bancaire, téléphone mobile et technologie sans contact NFC, est déjà une réalité aux Etats-Unis, où il a été lancé en octobre. Avec un certain succès : selon une récente étude de l’institut américain ITG, la solution à la pomme représente 1% des paiements électroniques outre-Atlantique, un chiffre modeste mais prometteur après un trimestre d’existence. Il faut rappeler que Apple Pay ne fonctionne encore qu’avec le dernier smartphone de la marque, l’iPhone 6.

En septembre, nous posions la question : pourra-t-on un jour utiliser Apple Pay en France ? Apple n’a toujours pas donné de date pour un lancement européen, mais il y a fort à parier que cela se fera courant 2015. La marque recrute d’ailleurs déjà à Londres pour le préparer. Reste à savoir si la greffe prendra : en France, l’attrait pour le paiement mobile semble en effet inversement proportionnel à l’attachement à la carte bancaire.

Lire à ce propos : Apple Pay : l'iPhone 6 va pouvoir remplacer votre carte bancaire

PayLib : enfin une solution interbancaire de paiement en ligne ?

Le manque d’intérêt des Français pour les nouveaux moyens de paiement s’explique sans doute en partie par l’éparpillement des solutions existantes. Ces dernières années, les annonces de lancement de wallets et autres services de paiement en ligne se sont succédé, sans qu’aucune ne semble en mesure de s’imposer. Cela va peut-être changer avec Paylib. La solution lancée fin 2013 par la Banque Postale, la Société Générale et BNP Paribas pourrait décoller l’an prochain grâce au renfort de deux autres enseignes - le Crédit Agricole, qui a décidé de lâcher sa solution maison Kwixo et le Crédit Mutuel Arkea - et du réseau MasterCard.

Le secteur bancaire français tente ainsi de reproduire ce qui a fait le succès de la carte bancaire depuis les années 1980 : l’interbancarité, qui a permis à la CB d’être acceptée par tous les commerçants, quelle que soit leur banque. Problème : certaines enseignes - la Banque Populaire, la Caisse d’Epargne, certains Crédits Mutuels et le CIC - semblent déterminées à faire bande à part.

Lire aussi : Paiement en ligne : Paylib rallie le Crédit Agricole et s'allie avec MasterCard

Les commissions de carte bancaire moins chères

L’industrie bancaire a combattu la mesure jusqu’au bout, mais le Parlement européen va avoir le dernier mot : le plafonnement des commissions d’interchange sur les paiements par carte va devenir une réalité dans l’Union européenne en 2015, sans doute au cours du second semestre. Ces commissions seront ainsi limitées à 0,2% du montant de la transaction pour les cartes à débit immédiat, et à 0,3% pour les cartes à débit différé, pour les paiements nationaux et transfrontaliers.

La mesure ne touche pas directement les consommateurs. Ces commissions sont en effet payées par le commerçant à sa banque, qui les rétrocède ensuite à la banque du client. Le législateur européen espère toutefois que les commerçants répercuteront cette baisse sur les prix de vente. En France, le gain devrait être minime : au terme d’un accord entre les banques et l’Autorité de la concurrence, les commissions d’intervention sont déjà limitées à 0,28%.

Lire aussi : Carte bancaire : accord européen sur le plafonnement des commissions

La lutte contre la fraude, une priorité

La croissance des paiements électroniques a un corollaire : l’augmentation des risques de fraude. L’Autorité bancaire européenne (EBA) a calculé que la fraude sur les paiements par carte sur internet a progressé de plus de 20% en Europe entre 2011 et 2012 (derniers chiffres disponibles). L’autorité de régulation a ainsi publié récemment une série de directives à destination des fournisseurs de services de paiement. Elle leur demande notamment de mettre en place de manière systématique, et d’ici le 1er août 2015, des systèmes renforcés de vérification de l’identité du payeur.

En France, les banques, réunies au sein du GIE Cartes Bancaires, planchent déjà sur la question. Parmi les pistes actuellement à l’étude : l’authentification biométrique (par la voix ou le doigt) et les cartes à code de sécurité dynamique. Les systèmes les plus probants pourraient être généralisés en fin d’année 2015.

La lutte contre la fraude, enfin, sera également au programme des Assises des moyens de paiement, organisées par le ministère de l’Economie et des Finances au printemps 2015. Objectif : définir une « stratégie nationale » en matière de modernisation des moyens de paiement.

Lire aussi : Les banques planchent sur l'amélioration de la sécurité des paiements en ligne