En lançant ce matin en grande pompe son service de paiement entre particuliers utilisant le réseau social Twitter, « une première mondiale » selon lui, le groupe bancaire BPCE (Banque Populaire - Caisse d’Epargne) s’est payé un joli coup de pub, en même temps qu’un petit coup de jeune.

« Magique ! » ; une « première mondiale » ; un « nouvel usage sur Twitter »… A l'image de Pierre-Philippe Cormeraie, son directeur de l'innovation, le groupe BPCE n’a pas fait dans la demi-mesure pour tenter de créer le buzz ce matin, à l’occasion du lancement d’un nouveau service développé par sa filiale S-Money : le paiement entre particuliers initié à partir d’un simple tweet.

Le porte-monnaie mobile S-Money, en tant que tel, n’est pas vraiment nouveau, puisque lancé en 2012. Comme le Crédit Agricole (avec Kwixo) ou le Crédit Mutuel (avec Pay2You), il s’agissait à l’époque pour BPCE de répondre à la mainmise de l’Américain PayPal sur le marché naissant des paiements entre particuliers. En deux ans, toutefois, les usages n’ont pas vraiment décollé, et S-Money, comme ses concurrents, reste encore largement ignoré du grand public.

L’occasion était donc belle de s’offrir un nouveau départ, et BPCE n’a rien laissé au hasard pour y parvenir. La conférence de presse a ainsi été soigneusement relayée sur les médias sociaux. Avec le renfort d’une armée de blogueurs enthousiastes et autres communicants spécialisés dans les médias sociaux, le hashtag #TweetezPayez, spécialement créé pour l’occasion, a même réussi à apparaître ponctuellement dans les « Tendances France », cette liste affichée sur la page d’accueil de Twitter qui distingue les mots-clés les plus partagés à un moment T.

L’accent sur les dons aux associations

Le coup de pub est donc réussi. Qu’en est-il du service en lui-même ? Comme annoncé depuis plusieurs semaines, il permet d’initier un envoi d’argent à un particulier ou une institution en adressant un tweet à S-Money et en indiquant le montant et le pseudo du destinataire.

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Pour finaliser le paiement, il faut toutefois, comme c’était déjà le cas, télécharger sur son mobile (iPhone ou Android seulement) l’application S-Money, y créer un compte si ce n’est déjà fait et valider le paiement. Derrière le vernis de modernité conféré par Twitter, le gain réel pour l’utilisateur apparaît donc limité. Et il faudra aussi voir si ce dernier est prêt à voir s’afficher sur un réseau social public les paiements effectués à ses proches. BPCE ne s’y est pas trompé, en insistant plus particulièrement sur un usage, plus valorisant qu’un simple remboursement de resto ou qu’une participation à un cadeau commun : celui du don à des associations caritatives.

Une première mondiale ?

Autre question, posée notamment par Patrice Bernard, consultant et blogueur spécialisé dans l’innovation bancaire : s’agit-il vraiment d’une première mondiale ?

Pas vraiment. Comme le signale le tweet reproduit ci-dessus, le paiement initié via Twitter est déjà proposé, entre autres, par Dwolla, une start-up américaine spécialisée dans les transferts d’argent. S’il y a première, c’est donc seulement pour un groupe bancaire. Ce qui, dans une industrie française plutôt caractérisée par sa prudence, n’est déjà pas si mal.