Lorsque l’on change de région, s’ajoute aux nombreuses démarches liées au déménagement le fait de prévenir sa banque. Selon l’éloignement du nouveau lieu d’habitation et selon le type de banque, en ligne ou non, la démarche s’avère plus ou moins compliquée. Le plus délicat étant de changer de caisse ou de banque locale si l’on est client du Crédit Agricole, de la Caisse d’Epargne, de la Banque Populaire voire du Crédit Mutuel. Enquête, et conseils.

Déménager son compte en banque, une formalité ? « Le client n'a aucune démarche à faire » auprès de sa banque lorsqu’il déménage, affirme-t-on au service presse BNP Paribas. Car il conserve « à l’identique » ses numéros de comptes et ses moyens de paiement. La Société Générale est sur la même ligne et met en avant, sur son site web, la gratuité du transfert de comptes dans une nouvelle agence.

Quid de l’ancienne adresse figurant sur les chèques ? « Le chéquier en cours fonctionne toujours (RIB invariant), l’adresse figurant sur le chéquier n’a aucune importance », répond la banque rouge et noire. Dans tous les grands réseaux nationaux (LCL, SocGen, BNP Paribas, La Banque Postale, CIC, etc.), la simplicité de la démarche est mise en avant. Certaines de ces banques avancent même la possibilité pour les clients de choisir leur nouvelle agence. Quant aux banques en ligne, la situation est encore plus aisée, étant donnée l’absence d’agence physique.

Changer de caisse régionale = changer de banque ?

La démarche se complique pour les clients des réseaux mutualistes : le Crédit Agricole, le Crédit Mutuel (1), la Caisse d’Epargne et la Banque Populaire. D’une région à une autre voire parfois d’un département à un autre, le code banque est différent. En bref, comme le reconnaissent certains conseillers en agence, dans un réseau mutualiste, déménager équivaut alors à changer de banque.

A la tête des fédérations des différents réseaux mutualistes, le discours est plus tempéré : « Un transfert d’une caisse régionale à une autre peut ressembler à un changement de banque », concède Bertrand Schaefer, responsable presse de la fédération du Crédit Agricole. « Cependant, entre elles, les caisses régionales tendent à rendre la démarche la plus efficace possible car elles transfèrent aussi la connaissance du client. » Un avantage abstrait mais évoqué par toutes les banques mutualistes contactées, arguant d’une relation facilitée entre des établissements réunis sous la même bannière.

Jean-Philippe Van Poperinghe, directeur marché des particuliers pour les Banques Populaires, trouve un exemple concret : « Si le client a un crédit personnel dans l’ancienne banque locale, nous allons mettre en place un virement de la nouvelle banque vers l’ancienne, ce qui évite de ''dé-solder'' le crédit comme cela peut être le cas en cas de changement de banque. »

Crédit Agricole : un dispositif uniformisé en 2015

Il n’empêche. Changer de région revient tout de même à posséder deux comptes courants distincts pendant un certain laps de temps. Il est d’ailleurs vivement conseillé de conserver son ancien compte le temps de s’assurer que le transfert est totalement effectif. « En moyenne, un transfert prend trois semaines, au mieux quinze jours, mais certains organismes ne mettent à jour les RIB/IBAN qu’une fois par mois, donc cela peut prendre plus d’un mois dans certains cas bien particuliers », estime Jean-Philippe Van Poperinghe, à la Banque Populaire. Isabelle Fontaine-Scherschel, directrice de la stratégie client du Crédit Agricole, reconnaît elle que le délai peut s’allonger sur 3 à 4 mois : « Le plus long, c’est le transfert de domiciliation [des prélèvements]. »

La procédure est alors la même que pour un changement de banque : le client doit identifier ses virements et prélèvements réguliers, puis fournir les coordonnées à son nouveau conseiller, la banque accueillante lui proposant d’appeler elle-même les organismes débiteurs pour procéder au changement de domiciliation. Le processus, standardisé, possède parfois un nom dans les réseaux mutualistes : Mobiliz à la Caisse d’Epargne, Simplidom à la Banque Populaire. Le Crédit Agricole projette de faire de même : « Nous travaillons à une procédure uniformisée, dans toutes les caisses régionales, pour la mobilité bancaire, qui devrait voir le jour en 2015 », assure Isabelle Fontaine-Scherschel.

Ce processus de mobilité bancaire est dans la plupart des cas partiellement réalisé par un prestataire. Deux entreprises se partagent le marché : Isilis et Quintess. « Isilis ne traite pas le changement de domiciliation de A à Z », modère Isabelle Fontaine-Scherschel, du Crédit Agricole. « Les demandes de transfert sont préparées par le Crédit Agricole, qui gère la relation avec [le prestataire]. » D’expérience, les clients en phase de déménagement peuvent tout de même recevoir un coup de fil d’Isilis si un transfert de domiciliation pose problème. A la Banque Populaire, même discours : « Les collaborateurs en banque peuvent suivre l’avancée de la procédure » gérée par Quintess pour la majorité des banques locales.

Des double frais parfois couverts par les offres de bienvenue

Si cette procédure traîne en longueur, les frais liés à la tenue de compte ou aux moyens de paiement s’accumulent puisque le client en paie pour ses deux comptes. « Les packages (aussi appelés forfaits ou offres groupées, NDLR) font partie des produits et services qui sont résiliés au début de la démarche », répond Isabelle Fontaine-Scherschel, du Crédit Agricole. « Idem pour les cartes de paiement : la clôture se fait très rapidement, à la demande du client. » Le directrice de la stratégie client du Crédit Agricole sous-entend qu’un client ne souhaitant pas payer de double frais peut renoncer à son ancienne carte bancaire et mettre fin à son forfait en envoyant une demande par courrier. Mais cette démarche reste à l’initiative du client, et même en clôturant son forfait, ce dernier risque de payer des fais liés à l’agence à distance, aux virements et prélèvements voire des frais de tenue de compte tant que l’ancien compte courant n’est pas clos.

« Les double frais peuvent être couverts par les offres de bienvenue pratiqués dans certaines banques locales », répond pour sa part Jean-Philippe Van Poperinghe, directeur marché des particuliers pour les Banques Populaires. Mais aucune des banques mutualistes interrogées n’a évoqué une prise en charge des double frais en cas de passage d’une caisse locale à une autre.

Rester dans l’ancienne banque grâce à l’e-agence

Reste une alternative, pour éviter un transfert de compte : rester dans son ancienne banque. « Dans la réalité, la plupart des clients ne demandent pas le transfert. Ils conservent leurs comptes dans leur caisse d’origine », affirme le service presse du Crédit Mutuel. Une option que les banquiers auraient même tendance à conseiller à leurs clients selon Isabelle Fontaine-Scherschel, du Crédit Agricole : « Un premier échange permet de savoir si le client veut rester en relation avec son conseiller, s’il veut rester dans sa caisse régionale via l’agence à distance, ou s’il veut disposer d’un conseiller près de son nouveau domicile. » Et d’ajouter : « Souvent le client veut conserver la relation commerciale avec le ou la conseillère qu’il connaît. »

L’option e-agence peut en effet être intéressante si l’usager ne déménage que temporairement dans une nouvelle région, ou s’il garde une attache particulière - familiale, amicale, etc. - avec sa région de départ. Car, dans tous les réseaux mutualistes, les retraits d’argent ne sont pas facturés tant qu’ils sont réalisés sur des distributeurs de l’enseigne, même en dehors de la zone de la caisse régionale. Et le client peut échanger avec son conseiller ou l’agence à distance par téléphone et par e-mail. Reste des problèmes plus concrets, comme le fait de devoir envoyer les chèques à encaisser par courrier. Certes, les banques fournissent parfois des lettres prépayées mais l’usager doit prendre en compte le délai postal avant de voir l’argent crédité sur son compte.

Bref, changer de banque régionale ou miser sur la relation à distance : il existe des contraintes dans les deux cas. Pour une conclusion, si l’idée est de rester fidèle à l’enseigne : mieux vaut s’assurer qu’un transfert de compte est bien nécessaire avant de se lancer dans cette démarche coûteuse en temps et, parfois, en argent.

(1) La logique diverge légèrement pour le Crédit Mutuel. Dans l’ensemble du réseau CM11 (Centre Est Europe, Sud-Est, Ile-de-France, Savoie-Mont Blanc, Midi-Atlantique, Dauphiné-Vivarais, Méditerranéen, Normandie, Centre, Loire Atlantique-Centre Ouest et Anjou), le code banque est le même, ce qui simplifie la procédure selon le CM11. La logique est différente lorsqu’il s’agit de passer de l’un des Crédits Mutuels du réseau CM11 à un Crédit Mutuel du réseau Arkéa (Crédit Mutuel de Bretagne, du Sud-Ouest et Massif Central) ou du réseau Crédit Mutuel Nord Europe (7 départements au Nord de Paris).