Dans le cadre de la présentation de son plan stratégique 2014–2016, le Crédit Agricole a annoncé qu’il allait élargir le catalogue de sa banque 100% en ligne, BforBank, au compte courant en 2015 et au crédit immobilier en 2016.

Jusqu’ici, BforBank cultivait sa différence sur le petit marché des banques en ligne. Pas de compte courant, pas de moyens de paiement, pas de crédits, mais une spécialisation dans l’épargne, avec des produits (livrets d’épargne, assurance-vie, bourse) présentés comme haut de gamme et particulièrement performants.

Cette option a, semble-t-il, vécu. Dans le cadre de la présentation de son plan stratégique à moyen terme, le groupe Crédit Agricole a en effet dévoilé sa vision de l’avenir proche de BforBank, détenue à 85% par les caisses régionales et à 15% par CASA (1). Une vision aux airs de plan de relance : après cinq ans d'existence, la « banque privée en ligne » a convaincu 115.000 clients et collecté 3,2 milliards d’euros d’encours (à fin 2013). Un « fonds de commerce solide » estime le Crédit Agricole dans le plan moyen-terme publié sur son site internet, mais assez éloigné des objectifs initiaux de la banque.

Un encours qui plafonne

Après avoir convaincu un peu plus de 50.000 clients au terme de sa première année d’existence, BforBank a en effet subi depuis une érosion de son recrutement : 80.000 clients fin 2011, 100.000 fin 2012 et 115.000 fin 2013. Une clientèle « fidélisée à hauteur de 75% », explique la banque, ce qui constitue un bon chiffre pour une banque en ligne sans compte courant. Mais une clientèle encore trop rare : l’objectif initial, formulé par André Coisne, le directeur général de BforBank, en novembre 2010, était en effet d’atteindre les 250.000 clients et les 12 milliards d’euros d’épargne collectée fin 2015. BforBank n’y sera pas : l’encours fin 2013 a plafonné à 3,2 milliards d’euros, stable sur un an.

Il faut dire que depuis 2009, le contexte concurrentiel a évolué sur le marché de l’épargne en ligne. Longtemps souverain sur le segment du compte épargne à taux boosté, le Livret Bforbank, produit phare de la marque, doit désormais affronter les Livrets Zesto de RCI Banque (filiale bancaire du constructeur automobile Renault), Distingo de PSA Banque (filiale de Peugeot-Citroën) ou encore le Compte Epargne Cetelem (filiale de crédit conso de BNP Paribas). Les « pure-players » historiques ont de leur côté entrepris d’approfondir leur catalogue de produits. Boursorama Banque, ING Direct et Fortuneo s’appuient déjà sur le compte courant, la gratuité des moyens de paiement et des opérations de banque au quotidien, pour fidéliser une partie de leur clientèle. Boursorama Banque propose aussi, depuis 2012, du crédit immobilier, et ING Direct devrait suivre courant 2014. C’est cette voie que va également emprunter BforBank pour relancer la machine.

50.000 comptes courants à l’horizon 2016

« Nous allons transformer BforBank en banque transactionnelle 100% digitale avec des offres plus larges qu’actuellement », a ainsi expliqué le directeur général du Crédit Agricole, Jean-Paul Chifflet, à l’occasion de la conférence de presse de présentation du plan stratégique. Dès 2015, la banque en ligne prévoit d’élargir son offre à la banque au quotidien, en délivrant à ses clients des moyens de paiement et des comptes courants. Elle distribuera ensuite, en 2016, des crédits immobiliers. Aucun détail n’a été dévoilé dans l’immédiat : BforBank s’alignera-t-elle sur le modèle de gratuité des moyens de paiements ? Quelles seront les synergies avec le catalogue et le réseau d’agences du Crédit Agricole ? On connait par contre les nouveaux objectifs chiffrés de la marque : 170.000 clients environ (tous types de comptes confondus) fin 2016, dont 50.000 comptes courants, et un encours de 4,5 milliards d’euros. A titre de comparaison, Boursorama Banque a ouvert en 2013 près de 88.000 comptes courants.

Autre annonce, encore au conditionnel : BforBank pourrait se lancer sur d’autres marchés que la France, en Allemagne et en Italie notamment. Deux pays où ses concurrents, ING Direct et Hello Bank sont déjà présents, Boursorama Banque se contentant de son côté de l’Allemagne.

(1) Crédit Agricole SA, société cotée qui chapeaute le réseau des caisses régionales et s’occupe du développement stratégique du groupe.