Trois études portant sur l'évolution des frais bancaires ont été dévoilées la semaine passée. Le palmarès de la CLCV a succédé à celui de l’UFC-Que choisir, qui avait pris le relais de l’étude de Panorabanques. Mais les résultats et les méthodes (1) diffèrent. Alors ? Baisse des tarifs ? Pour qui ? Sur quels frais ? Nous avons croisé les enseignements majeurs en les recoupant, si nécessaire, avec nos propres calculs. Tour d’horizon, point par point.

Quel coût en moyenne en 2014 ?

Le comparateur Panorabanques annonce dans son communiqué que « les Français ont payé en moyenne 191 euros à leur banques » en 2013 et qu’ils devraient voir cette moyenne s’abaisser à 187 euros en 2014. Ni l’UFC-Que choisir ni la CLCV ne se risquent à une moyenne si globale. La CLCV, en partenariat avec Mieux vivre votre argent, propose tout de même une « facture annuelle moyenne par profil » dans les banques classiques de métropole en 2014 : 63,73 euros pour un « petit consommateur », 215,12 euros pour un client « moyen » et 547,54 euros pour un « gros consommateur ».

Lire : Une baisse moyenne de 1% pour les « petits consommateurs » selon CLCV

Les classements sont-ils raccord ?

Panorabanques n’a pas publié de palmarès des frais, se contentant d'une étude basée sur les comparaisons effectuées sur son site (2) et sur les tarifs qu'il recense. Les associations de consommateurs UFC-Que choisir et CLCV ont toutes deux établi une hiérarchie mais elles ont fait un choix différent concernant les banques en ligne : CLCV ne les a pas intégré à son palmarès alors qu’elles trustent les premières places du classement UFC.

Les associations ont par ailleurs dressé des classements pour trois profils proches. Un désaccord saute aux yeux : LCL, très bien classé par la CLCV (1er chez les « gros » et « petits » consommateurs, 6e chez les « moyens »), apparaît parmi les établissements les plus chers pour les « jeunes, utilisation faible » et « actifs, utilisation moyenne » chez CLCV. Cette divergence s’explique probablement par des choix méthodologiques : quand l’UFC se concentre sur les dix tarifs « les plus diffusés », CLCV prend en compte de plus nombreuses lignes tarifaires ainsi que des forfaits. CLCV et l’UFC s’accordent en revanche sur d’autres points, notamment les classements avantageux de La Banque Postale et de certaines caisses régionales du Crédit Agricole, en particulier pour les clients les moins actifs.

Carte bancaire : hausse modérée ?

En 2014, « le coût payé en moyenne par les Français pour leur carte bancaire augmentera de 0,50 euro (+0,8%) soit à peine plus que l’inflation », avance Panorabanques dans son étude, précisant par ailleurs : « Le coût moyen de la carte bancaire passera de 61,14 à 61,65 euros. » Or CLCV note une augmentation de 1,73% en 2014 (37,37 euros par an en moyenne) par rapport à 2013 pour les cartes à débit immédiat et de 1,46% (45,04 euros) pour les cartes à débit différé Visa et Mastercard. A titre de comparaison, sur la base des données disponibles sur cBanque, le tarif des Mastercard à débit immédiat ou différé a respectivement augmenté de 1,52% et de 1,31% en 2014, le coût d’une carte Visa étant en revanche plutôt stable voire très faiblement orienté à la baisse grâce à la décision de plusieurs banques de rendre cette carte gratuite.

Frais de tenue de compte : hausse pour les inactifs

Voici un constat unanime, la facturation des frais de tenue de compte a très fortement augmenté en 2014 : +14% selon Panorabanques (7,52 euros par an en moyenne), +98,8% en 4 ans selon l’UFC-Que choisir (14,4 euros par an en moyenne), la CLCV n’offrant pas d’évolution globale. Vérification faite en utilisant les données présentes sur le comparateur de cBanque, l’augmentation est réelle mais elle concerne avant tout les frais de tenue de compte inactif : +15,33% pour 129 banques étudiées contre une augmentation de seulement 2,85% pour les frais de tenue de compte actif. Par ailleurs, les tarifs moyens cités dans les études sont faussés par la gratuité à l’œuvre dans de nombreux établissements, notamment les banques en ligne. Ainsi, les frais de tenue de compte actif avoisinent en moyenne les 30 euros pour les banques de réseaux. A noter toutefois : cinq banques ne facturant pas ce service l’an passé l’ont rendu payant en 2014.

Commissions d’intervention : baisse obligatoire

Depuis le 1er janvier, les commissions d’intervention sont plafonnées à 80 euros par mois pour la majorité des clients.

Lire : Le plafonnement des commissions d'intervention sera effectif en janvier 2014

« Certains réseaux (Crédit du Nord, mais aussi HSBC, Crédit Mutuel et Crédit Agricole) ont continué d’augmenter leurs tarifs sur la commission d’intervention », affirme l’UFC-Que choisir dans son étude. Mais cette association évoque une évolution sur 4 ans. Or l’étude de CLCV se veut plus positive : 110 banques sur 135 étudiées affichent le plafond réglementaire dans leur brochure. Et quatre établissements ne facturent pas (Boursorama, Fortunéo, ING et Barclays) de commissions d’intervention. Selon nos calculs, le coût moyen, pour deux opérations par jour, est de 14,81 euros en 2014, soit une diminution de 9,71% par rapport à 2013.

Les retraits « déplacés » : hausse à moyen terme

Selon l’UFC-Que choisir, les retraits « déplacés », c’est-à-dire ceux effectués en dehors du réseau de distributeurs de sa propre banque, ont augmenté de 67,9% en 4 ans. Mais cette hausse est due, « selon les réseaux, soit à la baisse du nombre de retraits gratuits, soit à l’augmentation du tarif du retrait déplacé… soit, le plus souvent, à un mix des deux ». Sur la base de notre relevé des tarifs pour les retraits dans un DAB d'une autre banque, pour dix opérations par mois, le tarif a baissé de 1% environ entre 2013 et 2014, ce qui ne remet donc pas en cause l’évolution sur 4 ans évoquée par l’UFC-Que choisir. En revanche, nous avons nous aussi constaté une baisse du nombre de retraits autorisés chaque mois en dehors du réseau, notamment à la Caisse d’épargne.

Migration SEPA = disparition des frais de mise en place de prélèvement ?

Selon la CLCV, les frais de mise en place de prélèvement ont baissé en 2014. Logique, selon l’UFC-Que choisir, puisque la migration SEPA (3) instaure une évolution notable : le prélèvement n’est plus géré par la banque mais par le créditeur. L’association constate pourtant que seules « quelques très rares banques » ont « pris acte » de cette évolution en rendant cette mise en place gratuite. Selon nos informations, ce service était gratuit dans 57 banques l’an passé, dans 73 cette année. Mais attention : certaines enseignes, à l’image du Crédit Agricole, font payer le courrier informant du passage d'un premier prélèvement SEPA.

Abonnement internet : baisse généralisée

Les frais liés à la gestion des comptes sur internet baissent de 3,2% en 2014 selon Panorabanques. Un constat partagé, sans le chiffrer, par CLCV et l’UFC-Que choisir. Selon notre analyse, sur 129 banques, 80 offrent ce service gratuitement contre 70 l’an passé. Par ailleurs, les opérations effectuées via l’interface web, comme un ordre de virement occasionnel, sont désormais rendues gratuites par la quasi-totalité des banques.

Retrouvez le comparateur cBanque des tarifs bancaires

Les hausses et baisses de tarifs sont-elles justifiées ?

La Fédération bancaire française (FBF), qui représente les principaux établissements financiers, a réagi ce jeudi à « l’enquête CLCV 2014 », passant sous silence les deux autres études parues la semaine passée sur le sujet. Elle met en avant la baisse de 1% pour le profil « petit consommateur » et estime plus globalement que cette enquête « confirme » les conclusions du dernier rapport de l'Observatoire des tarifs bancaires (4) « qui démontraient que l'évolution des tarifs bancaires est depuis plus de 10 ans inférieure à celle de l'inflation et celle du prix des autres services ». La FBF appuie par ailleurs l’idée que « les services financiers pèsent 0,6 % dans la consommation globale des ménages (source Insee) ». Et la FBF de justifier les « disparités » par « la concurrence à l’œuvre entre les établissements bancaires au bénéfice des clients ».

La FBF omet cependant de préciser que la légère baisse des tarifs, pour les « petits » consommateurs, est avant tout la conséquence de la baisse des commissions d’intervention, une évolution imposée aux banques par le gouvernement. Et l’enquête CLCV relève d’autres augmentations de tarifs, non justifiées par une évolution règlementaire, comme la hausse des frais appliqués pour les saisies-attributions dans 64% des établissements.

(1) Le panel de banques étudié diverge d’une étude à l’autre. CLCV cite 135 établissements analysés, « soit la quasi-totalité de la banque de détail en métropole et outre-mer », Panorabanques 157 et l’UFC-Que choisir 129, alors que leurs études ne portent que sur le France métropolitaine.

(2) Panorabanques s'est notamment basé sur un profil « Français moyen » établi sur la base des comportements des internautes ayant réalisé une comparaison sur son site web, un profil ensuite « redressé » grâce aux données de l'Insee.

(3) La Commission européenne a accordé un délai pour l’échéance de mise en place des virements et prélèvements SEPA, jusqu’au 31 juillet 2014. Lire aussi : Prélèvement SEPA : les banques aussi sont en retard, estime l'UFC-Que choisir.

(4) Publié en juillet 2013 par le Comité Consultatif du Secteur Financier (CCSF). Lire à ce propos : Frais bancaires : le palmarès 2013 des hausses et des baisses de tarifs.