Dans une vidéo présentée sur son site internet, la Banque Postale défend son positionnement tarifaire et en profite pour critiquer les palmarès des banques les moins chères et les comparateurs de tarifs, qui mettent souvent en avant les banques en ligne sans poser la question de leur accessibilité.

C’est une courte vidéo, implantée sur la page « Tarifs bancaires » du site internet de La Banque Postale et intitulée « A la recherche des tarifs les plus avantageux ». Son objectif, tel qu’expliqué par la note méthodologique qui l’accompagne est le suivant : « donner des clés de lecture sur la tarification bancaire et comment le positionnement tarifaire de La Banque Postale se situe sur le marché ».

Tout l’objet de cette vidéo est de montrer que La Banque Postale reste une banque peu chère et transparente en matière de tarification. Héritière des services financiers de la Poste, financée sur des fonds publics, dépositaire d’une mission d’accessibilité au Livret A, elle est en effet un cas à part dans le paysage bancaire français : une banque considérée comme accessible à tous, « banque et citoyenne » pour reprendre son propre slogan. Ce positionnement, toutefois, a été récemment mis en cause. En annonçant à plusieurs reprises des hausses de tarifs (par exemple, en mai 2012, la facturation des retraits hors réseau), La Banque Postale a brouillé son image, donnant l’impression de rentrer dans le rang.

Tarifs moyens pondérés

Pour confirmer ce statut de banque accessible, La Banque Postale s’attache donc à montrer, dans sa vidéo, qu’elle reste moins chère que la moyenne. Pour cela, elle s’appuie sur les chiffres fournis par le Comité consultatif du secteur financier (CCSF), organe rattaché à la Banque de France et qui s’intéresse notamment à la régulation des relations clients-banques. Le CCSF abrite depuis 2011 un Observatoire des tarifs bancaires (OTB), qui publie chaque année un rapport sur la question. Le dernier en date concerne l’année 2012. Il y propose, parmi d’autres statistiques, les tarifs moyens pondérés pour chaque ligne tarifaire recensée dans l’extrait standard des tarifs.

De quoi s’agit-il ? Pour les besoins de l’étude, le CCSF, à partir de 47.000 tarifs issus des 126 établissements inclus dans son périmètre, calcule pour chaque ligne tarifaire une moyenne de prix, qu’elle pondère en fonction du nombre de comptes ordinaires (ou comptes courants) ouverts dans chaque banque. Ainsi, le poids relatif de BNP Paribas (6,8 millions de clients particuliers revendiqués fin 2012) sera beaucoup plus important que celui d’ING Direct, qui gérait environ 150.000 comptes courants à la même date.

Concurrence des nouveaux entrants

A partir de ces moyennes pondérées, La Banque Postale parvient à démontrer que sur les 10 opérations courantes recensées par l’extrait standard des tarifs, elles restent moins chères que la moyenne. Est-elle pour autant la moins chère tout court ? Non.

Sur le terrain de l’accessibilité et de la modération des prix, elle subit en effet deux types de concurrences. Celle, d’abord de nouveaux acteurs qui émergent grâce à l’évolution de la législation. C’est le cas, par exemple, du Compte-Nickel proposé par la Financière des paiements électroniques, qui n’est pas une banque, mais un établissement de paiement. Pour 20 euros par an, les souscripteurs de ce nouveau service disposent d’un RIB et d’une carte bancaire, disponibles dans les bureaux de tabac. En s'appuyant sur ce réseau, le Compte-Nickel dispose potentiellement de 27.000 points de vente, une toile plus dense encore que celle des 17.000 bureaux de poste.

Concurrence encore sur les tarifs : celle des banques en lignes qui, pour la plupart, ne facturent ni les moyens de paiement, ni les opérations courantes, à condition de remplir ces critères de revenus. Ces acteurs (ING Direct, Boursorama Banque, Fortunéo, etc.) ne sont jamais nommés dans la vidéo. La Banque Postale préfère s’attaquer aux palmarès des banques les moins chères et aux comparateurs de tarifs, qui les placent généralement en bonne place.

Des comparateurs biaisés

Aux premiers, La Banque Postale reproche de ne classer les grilles tarifaires qu’en fonction de profils type de consommation (trois en général : un profil d’utilisateur modéré, un autre plus intensif et un dernier de boursicoteur). Catégories qui, effectivement, ne reflètent pas la grande diversité des besoins et des usages. Les comparateurs sur internet, par contre, permettent de classer les banques en fonction de critères personnalisables. Mais ils ne trouvent pas grâce aux yeux de La Banque Postale, qui leur reproche de fournir des résultats différents d’un site à l’autre. Ce qui revient, en filigrane, à estimer qu’ils ne s’appuient pas sur des critères objectifs.

De fait, ces sites sont en général des « boîtes noires », qui n’affichent clairement ni les tarifs précis retenus pour la comparaison, ni la fraîcheur de la récolte des informations. Ils sont en général gratuits pour l’utilisateur, ce qui pose la question de leur modèle économique. Ces sites tirent en effet la majorité de leurs revenus des ouvertures de compte réalisés par leur intermédiaire. Les résultats présentés ne sont donc pas forcément le reflet d’une analyse objective des brochures tarifaires de l’ensemble des banques, mais de celle des banques partenaires, celles qui au final sont prêtes à payer pour gagner un nouveau client. Ce qui est surtout le cas des banques en lignes, dont la stratégie commerciale est plus agressive que celle des banques à réseaux classiques comme La Banque Postale.

cBanque propose également un outil de comparaison des tarifs bancaires. Mais nous avons fait un choix différent, par souci de transparence : celui de présenter, d’un côté, 270 brochures tarifaires, banque par banque, à partir de la sélection d’une cinquantaine de prestations ; de l’autre, de permettre la comparaison, non pas des banques entre elles, mais de leurs prestations.