Une ancienne hôtesse de l'air a demandé mercredi devant la justice à la Société générale de lui rembourser les 110.000 euros d'économies qu'elle avait perdu dans un fonds placé dans les sociétés de Bernard Madoff et de condamner la banque à lui verser 100.000 euros de dommages et intérêts.

La plaignante, Isabelle de la Seiglière, avait investi les dommages et intérêts qu'elle avait obtenus d'Air France après un accident du travail, dans le fonds luxembourgeois Luxalpha, en espérant se constituer un capital pour sa retraite.

La banque, dont elle était cliente depuis 44 ans « avait les moyens d'éviter cet investissement catastrophique », a plaidé l'avocate de Mme de la Seiglière, Me Simone Daul, devant le tribunal de grande instance de Paris. Elle reproche à la Société générale de n'avoir pas joué son rôle de conseil et de mise en garde. Il s'agit de la première assignation au fond au civil d'une victime de Madoff, selon Me Daul.

Mais selon l'avocat de la banque, Me Antoine Maffei, celle-ci ignorait, comme « toute la place de Paris », que les actifs de Luxalpha étaient investis dans des produits Madoff. Il a soutenu que la Société générale lui avait « déconseillé cet investissement », estimant que la banque a « parfaitement rempli tous ses engagements ». Pour l'avocat, le préjudice n'est pas établi car les opérations de liquidation de Luxalpha ne sont pas clôturées.

La plaignante avait été conseillée par l'un de ses amis d'enfance, Patrick Littaye, cofondateur de la société Access International Advisors, dont l'un des gestionnaires, Thierry Magon de La Villehuchet, s'est suicidé le 23 décembre dans les locaux new-yorkais de l'entreprise, devenant la première victime du scandale Madoff. M. Littaye lui avait proposé de souscrire des titres Luxalpha par l'intermédiaire de la Société Générale, ce qu'elle avait fait en juin et novembre 2006.

Informée du scandale Madoff par un fax d'Access International Advisors le 13 décembre 2008, elle apprenait pour la première fois que les fonds souscrits avaient été investis dans la société du financier américain. Elle ordonnait alors la vente de ses titres Luxalpha mais il était trop tard et ses actifs ne seront pas payés.

Le jugement a été mis en délibéré au 29 mars.

Bernard Madoff, a été condamné en 2009 à 150 ans de prison par la justice américaine pour une escroquerie, estimée entre 23 et plus de 65 milliards de dollars, selon que l'on prenne en compte ou non les intérêts.