Crédit Agricole a confirmé les orientations de son projet de groupe à dix ans initié en 2010, axé sur la proximité, et a décidé de fixer des points d'étape jusqu'à 2020, dont les premiers en 2015, dans un communiqué publié mercredi.

La Fédération nationale du Crédit Agricole (FNCA), l'organe politique de la banque verte, tient jeudi son congrès à Bruxelles, où sera largement abordée la question du modèle coopératif. Dans le projet de groupe que Crédit Agricole a dévoilé il y a deux ans, l'établissement, qui s'est recentré sur la banque de détail après avoir subi de lourdes pertes à cause de la crise financière, disait notamment viser la place de leader des banques universelles de proximité en 2020.

« Ce projet est plus que jamais pertinent », a insisté lors d'une conférence téléphonique Philippe Brassac, secrétaire général de la FNCA, renvoyant notamment au rapport Liikanen sur la séparation des activités risquées des banques remis début octobre à la Commission européenne. « Ce que le rapport Liikanen appelle une banque universelle, c'est précisément ce que nous appelons une banque universelle de proximité, c'est-à-dire toutes les activités qui financent l'économie réelle », a relevé M. Brassac.

Des économies grâce à NICE

D'ici 2020, Crédit Agricole entend procéder à des points d'étape, les premiers étant fixés en 2015. Parmi eux, la FNCA en a mis trois en avant : l'amélioration de la relation avec les clients, la réponse au vieillissement de la population en participant au maintien à domicile d'un million de retraités et le développement des énergies renouvelables, avec une enveloppe de financement de cinq milliards d'euros sur trois ans.

A la question de savoir si une réduction du nombre des caisses régionales - actuellement 39 - était à l'étude, le président de la Fédération nationale du Crédit Agricole, Dominique Lefebvre, a assuré qu'il n'y avait « pas de projet de réorganisation ou de fusion à l'ordre du jour ». « Réduire leur nombre reviendrait à perdre en proximité », a-t-il affirmé, avant d'ajouter : « Nous disposons d'un coefficent d'exploitation qui est excellent et qui sera encore bonifié par l'arrivée de NICE », le nouveau système informatique unifié de la banque, qui sera, à terme, commun à toutes les caisses régionales. Il doit permettre de faire passer le coût annuel total de l'informatique pour les caisses régionales de 750 à 500 millions après l'achèvement des travaux, fin 2013.

CASA reste en bourse

De la même manière, la Fédération a écarté tout retrait de la Bourse de Crédit Agricole SA, le véhicule coté de la banque, dont le cours a beaucoup souffert ces derniers mois en raison notamment de sa situation compliquée en Grèce, où il vient de céder sa filiale Emporiki. « Nous n'avons pas la naïveté de penser que la source de nos ennuis serait la cotation. On n'a aucune raison de penser que ce sujet doit être ouvert », a déclaré Philippe Brassac. « Les particularités du parcours, difficile jusqu'à présent et on l'espère meilleur plus tard, de Crédit Agricole SA sont un point important mais ils ne sont pas le centre de (...) ce qu'on avait expliqué dans le projet de groupe ».

La FNCA a, en outre, plaidé que le calibrage des normes réglementaires de Bâle III, qui entreront progressivement en vigueur à partir de 2013, était « adverse » au modèle des banques coopératives, un argument qu'elle a déjà développé à plusieurs reprises. « Les ratios de liquidité Bale III sont là pour favoriser le financement des économies par les marchés plutôt que par l'intermédiation. Or, comme les banques coopératives sont essentiellement des banques d'intermédiation, sans que cela nous vise directement, ça ne nous est pas très favorable », a regretté le secrétaire général de la FNCA.