La cour d'Appel de Paris, qui estime qu'il n'y a « rien de nouveau » dans des documents censés prouver l'existence d'une machination contre l'ex trader de la Société générale Jérôme Kerviel, a exigé la venue à l'audience d'un témoin présenté comme capital par sa défense. Ce dernier qui, selon la défense, travaille pour la société de courtage Newedge (ex-Fimat) est attendu jeudi matin.

Des échanges très vifs sur cette affaire de supposé complot ont marqué l'ouverture lundi matin de la deuxième semaine du procès en appel de l'ancien trader, condamné en première instance à trois ans de prison ferme et 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts pour une perte record début 2008 à la Société Générale.

Mercredi dernier, au deuxième jour du procès, Jérôme Kerviel avait déclaré que ses supérieurs l'avaient laissé prendre d'énormes positions spéculatives afin de pouvoir masquer le moment venu les pertes de la banque liées à la crise des « subprime » (crédits hypothécaires à risque). Selon lui, dès mars 2007, la banque aurait « couvert » en sous-main ses positions. La présidente de la cour, Mireille Filippini, avait alors exigé des « documents écrits » probants, ce que l'avocat de Jérôme Kerviel, David Koubbi, dit avoir fait vendredi. Il s'agit d'une lettre du courtier maintenant attendu au procès et d'un tableau de relevés bancaires.

« Partie de poker »

Mais Mme Filippini a regretté que les pièces fournies ne concernent que des opérations de janvier 2008, ayant immédiatement précédé le « débouclage » des positions de Jérôme Kerviel et l'éclatement de l'affaire, et non de l'année 2007. « La cour n'a rien vu de nouveau dans les pièces qui lui ont été données », a-t-elle déclaré. L'analyse, selon elle, est de surcroît « assez obscure » et semble se fonder « sur la rumeur ». « Je veux que ce monsieur vienne débattre devant nous », a insisté la magistrate.

« Si la cour ne voit rien de nouveau dans ces documents, c'est que la cour a mal vu », a répondu Me Koubbi, qui s'est vu reprocher par la présidente, l'avocat général et la partie civile cette façon de produire à la dernière minutes de nouveaux documents. « On n'est pas dans une partie de poker ! », a lancé l'avocat général, Dominique Gaillardot.