Concurrence croissante, autonomie des clients, problème de sécurité : dans son observatoire 2011, le cabinet de conseil ADN’co, spécialisé dans les services financiers, a synthétisé les grandes tendances du moment dans le domaine des moyens de paiement.

Pour ADN’co, une page d’histoire, débutée à la fin des années 1960 avec le développement grand public du chèque, est en passe de se tourner. Jusqu’ici, l’industrie bancaire a en effet bénéficié d’un monopole de l’innovation dans le domaine des moyens de paiement, accompagnant l’évolution des modes de vie avec le chèque, le prélèvement ou encore la carte bancaire.

Mais, depuis le début des années 2010, le cabinet note un basculement de cette « logique d’offre pilotée exclusivement par les banques à une logique de demande régie par le style de vie des consommateurs » et annonce la « fin d’un privilège historique au profit de nouveaux acteurs. »

Fin du monopole de l’industrie bancaire

Pour appuyer cette hypothèse, ADN’co a listé les grandes tendances observées en 2011. Première d’entre elles : la mise en place, au niveau européen, d’un statut d’établissement de paiement, qui fait disparaître le monopole des établissements de crédit dans la gestion des moyens de paiement. Treize sociétés se sont déjà engouffrées dans la brèche en France. Conjointement, 2011 a également vu le développement de moyens de paiement alternatifs, lié au succès croissant du commerce en ligne, sur ordinateur mais aussi sur mobile. Ainsi, un géant de l’internet comme Google a choisi en 2011 de miser sur son propre porte-monnaie électronique, baptisé Google Wallet.

Autre tendance, dans ce contexte d’innovation et d’évolution des usages : l’intervention des pouvoirs publics pour imposer plus de transparence et de concurrence en matière tarifaire. Sous la pression, le secteur bancaire français a notamment accepté de simplifier ses brochures et de mieux informer sur les frais perçus, grâce à des relevés mensuels. Autre exemple : la réduction de 36% de la commission interbancaire de paiement par carte bancaire, accordée par les acteurs français sous la menace de poursuites de l’Autorité de la Concurrence.

L’addition de ces tendances a une conséquence : les usagers commencent à sortir d’une relation de dépendance vis-à-vis de leur banque principale et gagnent en autonomie. S’ils sont encore minoritaires, certains clients profitent déjà des nouveaux canaux relationnels offerts par internet et optent pour la multibancarisation. Conclusion d’ADN’co : « le consommateur va désormais pouvoir profiter des gains tarifaires engendrés par l’industrialisation du monde des paiements, l’accentuation de la concurrence et l’émergence de nouveaux modèles économiques dont il devient un acteur à part entière. »

La sécurité, principal défi

L’enjeu pour les enseignes bancaires traditionnelles est désormais de s’adapter à cette nouvelle donne. Certaines ont déjà commencé à le faire, en occupant par exemple des marchés de niche, dans le domaine de la téléphonie, du « crédit responsable » ou des transferts d’argent.

Mais elles doivent également traiter une question centrale dans ce nouvel écosystème : celle de la sécurité des paiements. ADN’co rappelle en effet que les nouveaux moyens de paiement ont permis l’émergence d’« une nouvelle forme de cybercriminalité qui augmente de près de 10% par an ». « Pour protéger les consommateurs et les commerçants, victimes de cette évolution », poursuit le cabinet dans son étude, « les banques historiquement légitimes se rapprochent des nouveaux opérateurs du paiement (…) ». A charge pour elles de faire émerger une « approche commune renforcée et globale » face à la fraude : un vrai défi.