L’arrivée de Free Mobile sur le marché de la téléphonie a accéléré la baisse du prix des forfaits, mais aussi le déclin du modèle de la subvention du mobile par l’opérateur. Les vendeurs de crédits à la consommation sont-il sur les rangs pour prendre le relais ?

Le marché de la téléphonie vit actuellement une petite révolution. Comme prévu, l’arrivée, début janvier, de Free Mobile a entraîné une large redistribution des cartes. En cassant les prix, le nouvel opérateur a provoqué un mouvement général de baisse du coût des forfaits. En proposant des forfaits sans durée d’engagement, il a redonné du pouvoir au consommateur, qui peut plus facilement faire jouer la concurrence. Mais il a aussi contribué au déclin d’un modèle : celui de la subvention du mobile par l’opérateur.

Jusqu’ici, la grande majorité des clients ne payaient à l’achat qu’une partie du prix de leur téléphone. Le reste était intégré au prix du forfait, et échelonné sur 12 ou 24 mois, selon la durée d’engagement choisie. Mais dans le modèle Free Mobile, les forfaits, moins chers, sans engagement, sont aussi sans téléphone. Voilà le client contraint de financer directement l’achat de son nouveau mobile, exactement comme s’il changeait de télé ou de frigo. Si en plus, il est amateur de smartphones, ces tout-en-un qui permettent de téléphoner, de surfer sur internet, de jouer ou de filmer en haute définition, la facture peut être très salée. 629 euros, par exemple, pour le plus connu d’entre eux, l’iPhone 4S d’Apple, en version de base.

Un marché pas encore mature

Les opérateurs cherchent donc la parade. Certains, comme France Telecom, ont créé leur propre filiale de crédit. Francetel permet aux clients de Sosh, la marque low-cost de l’opérateur historique, d’échelonner une partie du prix du mobile neuf. D’autres ont fait le choix de se rapprocher de sociétés existantes. C'est le cas de Free Mobile avec Crédit Agricole Consumer Finance, qui possède les marques Finaref et Sofinco (1).

Cetelem a également mis un pied sur ce marché. La filiale de crédits conso de BNP Paribas a en effet conclu un partenariat avec PrixTel, un opérateur virtuel (qui « sous-loue » le réseau SFR), pour proposer des facilités de paiement (du 4 fois sans frais) à ses clients. « Prixtel nous a contacté pour apporter notre expertise dans le domaine, nous avons accepté de les accompagner, comme nous le faisons avec de nombreux e-commerçants », explique Peggy Noble, directrice e-commerce chez Cetelem. « Nous restons toutefois sur notre métier, qui n’est pas de vendre des mobiles mais de prêter de l’argent. »

S’agit-il pour autant d’un véritable marché de diversification pour les organismes de crédit, confrontés notamment au recul du crédit renouvelable, sous la pression conjuguée de la régulation et de la crise ? Difficile à dire, dans l’immédiat. « Le marché de la téléphonie mobile évolue, nous le savons tous. Nous regardons donc ce marché, comme d’autres », confirme Peggy Noble. « Si un besoin existe, nous serons là pour le combler, en nous adaptant aux spécificités de ce marché en devenir. »

(1) Contactées, Free Mobile et CACF n'ont pas souhaité donner suite à nos questions.