Les exigences de niveau de capital imposées par les futures règles dites de "Bâle III" au secteur bancaire "sont fondamentalement injustifiées", a réaffirmé mardi Baudouin Prot, administrateur directeur général de la banque française BNP Paribas.

« Nous continuons chez BNP Paribas à être convaincus que des exigences aussi élevées de capital pour les banques de grande taille sont fondamentalement injustifiées », a déclaré M. Prot, à l'occasion de la présentation à la presse des résultats financiers du groupe.

Le groupe bancaire a dévoilé mardi un bénéfice net en hausse de 1,1% au deuxième trimestre à 2,12 milliards d'euros, amputé d'une provision de 534 millions d'euros liée à sa participation au plan d'aide de sauvetage de la Grèce. « La crise a montré que la diversification d'un groupe comme BNP Paribas a été, trimestre après trimestre, un facteur qui a soutenu nos résultats », a fait valoir le patron de BNP Paribas.

Bâle III

Les règles définies en septembre 2010 par le Comité de Bâle doivent être mises en place par toutes les grandes économies industrialisées et émergentes du G20 graduellement à partir de 2013. Selon cette réglementation, les banques devront mettre en réserve des fonds propres, issus du capital social, d'éventuelles augmentations de capital et de la mise en réserve des bénéfices dégagés, représentant 7% du montant des prêts qu'elles accordent à leurs clients. Jusqu'à présent, le taux était de 2%.

Le niveau de fonds propres de BNP Paribas s'élève à 57,4 milliards d'euros, soit une progression de 900 millions d'euros au deuxième trimestre par rapport au premier, tandis que le ratio de solvabilité s'établit à 9,6%. « La gestion de nos risques est tout à fait rigoureuse », a argué M. Prot, « nous ne voyons absolument pas pourquoi il faudrait que les banques de dimension importante soient surpénalisées en terme de fonds propres. »

Selon les régulateurs, ce triplement du montant des fonds propres durs devrait permettre aux banques d'absorber d'éventuels chocs et d'éponger des pertes sans mettre en danger tout le système financier.

M. Prot a mis en garde contre ces exigences qualifiées de « pénalisation » qui allaient « affecter le financement de l'économie à un moment où les clientèles n'ont pas du tout besoin de ça. » Toutefois, « chez BNP Paribas nous sommes légitimistes », a rappelé le banquier. « Et si on exige une augmentation de notre capital, nous porterons notre capital au niveau requis sans difficulté et sans lever aucun fonds propre sur le marché », s'est félicité M. Prot, avant d'ajouter: « mais nous continuerons à exprimer nos opinions. »