Selon le président et le secrétaire général de la Fédération nationale du Crédit Agricole, augmenter la part des dépôts du Livret A et du Livret de développement durable (LDD) centralisée à la Caisse des dépôts (CDC) pénaliserait le crédit aux PME.

« Plus de centralisation, c'est moins de crédit aux PME ! », ont affirmé le président Dominique Lefebvre et le secrétaire général Philippe Brassac dans une déclaration écrite. Venant à la suite d'autres prises de position en ce sens ces derniers jours, les deux dirigeants du Crédit Agricole ont souligné que les fonds conservés par les banques « sont entièrement consacrés au financement de l'économie réelle (...) alors que les sommes centralisées (à la CDC) à ce jour ne sont utilisés qu'à 50% pour le financement du logement social ». « Cet argent centralisé, nous ne l'aurons plus et il faudra aller le chercher sur les marchés ce qui renchérira le coût du crédit pour les PME », a ajouté le directeur général de la Fédération, Bertrand Corbeau.

Quant à la rémunération des banques, le secrétaire général et le président de la Fédération nationale du Crédit Agricole s'inquiètent de la voir baisser (de 0,6% à 0,5% selon certaines sources), « alors même que les nouveaux distributeurs, et particulièrement le Crédit Agricole, ont permis à la collecte de se maintenir à un niveau satisfaisant ». Pour Bertrand Corbeau, « on a des réseaux qui risquent d'être beaucoup moins mobilisés pour la collecte du Livret A » si la rémunération des banques baisse. Le risque est, selon lui, « très fort » que la collecte du Livret A cesse de progresser.

« Distorsion de concurrence »

Lefebvre et Brassac dénoncent également une « distorsion de concurrence » favorable aux établissements qui bénéficiaient jusque fin 2008 de l'exclusivité de distribution du Livret A, à savoir le Crédit Mutuel, la Banque Postale et la Caisse d'Epargne. Par un mécanisme de rééquilibrage du niveau des fonds centralisés à la CDC, ces banques ont bénéficié depuis début 2009, d'un apport de liquidités par la Caisse des dépôts. Cet apport doit permettre de faire baisser la part des dépôts issus des trois banques centralisée à la CDC, qui était jusque fin 2008 de 100%.

Dans le même temps, les autres banques ont dû reverser une part importante des fonds qu'elles recevaient sur le Livret A et le LDD, dépôts qui provenaient en grande partie d'autres produits d'épargne et se trouvaient donc déjà dans le bilan de la banque, selon le Crédit Agricole.

Du côté de Bercy, l'entourage de la ministre de l'Economie s'est contenté de rappeler qu'une consultation était en cours et que ses conclusions n'étaient attendues que dans plusieurs semaines.