L'Afub (association française des usagers de banque) a dénoncé jeudi l'existence de questionnaires trop indiscrets envoyés à leurs clients par le Crédit Agricole et la Caisse d'Epargne et appelé à leur boycottage, a indiqué une porte-parole de l'organisme.

"Nous avons été saisis de nombreuses plaintes émanant de clients de la Caisse d'épargne et du Crédit Agricole au sujet de ces questionnaires, et nous leur conseillons de refuser de répondre", a déclaré Marie-Anne Jacquot, confirmant une information en ce sens publiée jeudi par le Parisien.

L'Afub a également indiqué avoir saisi la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) à ce sujet.

L'affaire a commencé l'an dernier avec l'envoi par ces banques de questionnaires à leurs clients, qui sont souvent de "vieux" clients, ayant ouvert des comptes depuis plus de 10 voire 20 ans, selon l'Afub.

"Ces clients se sont déclarés choqués par ces questionnaires, par leur ton, et par la manière dont ils sont traités, alors qu'ils sont clients depuis 20, 30 ou 40 ans", a précisé Marie-Anne Jacquot.

Ces questionnaires demandent notamment des justificatifs de revenus, de pension, s'intéressent à la composition de la famille, autant d'éléments selon l'Afub qui sont totalement étrangers à la gestion de leurs comptes.

"Ce questionnaire est abusif, et nous appelons les clients de ces établissements" à "dire non à cette inquisition", a ajouté la porte-parole.

Selon un exemplaire d'une lettre envoyée par le Crédit Agricole Normandie à l'un de ses clients en décembre 2009, la banque se réserve le droit de "reconsidérer sa relation" avec le client, s'il choisit de ne pas répondre au questionnaire.

Les banques invoquent pour leur défense qu'elles sont obligées, de par la loi, d'envoyer de tels questionnaires. Et de citer un décret de septembre 2009 pris dans le cadre de lutte contre le blanchiment d'argent et les activités terroristes.

"On ne voit pas le rapport entre le nombre d'enfants des clients -une question posée dans les lettres des banques- et la lutte contre le terrorisme ou le blanchiment d'argent", ajoute encore l'Afub.

La procédure devant la CNIL devrait prendre "un certain temps", a précisé encore l'Afub.

Interrogé par l'AFP, le Crédit Agricole a souligné que le respect par les banques de leurs obligations en matière de recueil d'informations "est contrôlé par la Commission bancaire (régulateur des banques, ndlr) qui peut prononcer des sanctions contre nos établissements en cas de non-respect".

"Au-delà d'une simple question de conformité à la réglementation, la connaissance de la situation personnelle du client fait partie de la relation normale avec son banquier", fait valoir l'établissement.

Une connaissance "qui permet de construire une confiance réciproque, de personnaliser le conseil et de s'assurer de la pertinence des solutions proposées".