Applis anti-découvert, crédit express, paiement instantané… Découvrez les nouveaux services qui vont changer votre manière de payer et de gérer vos comptes en 2020.

Au cours des 2 dernières années, la manière dont vous utilisez vos comptes bancaires au quotidien a sans doute plus changé qu’au cours des deux décennies précédentes. Comme d’autres pans de l’économie, la banque du quotidien poursuit sa révolution numérique et continue de se réinventer sur le web et le mobile.

Des bouleversements dans les usages qui s’accompagnent de changements réglementaires. Depuis septembre, la mise en œuvre d’un texte européen, la 2e directive sur les services de paiement (DSP2), est entrée en phase active. En contraignant notamment les banques à desserrer leur étreinte sur les données de leurs clients, elle ouvre la porte à une pléiade de nouveaux services de banque au quotidien, dont certains vont exploser dès 2020. En voici un florilège.

Les applis mobiles anti-découvert

Gérer son compte bancaire depuis son mobile : c’est devenu un réflexe pour nombre d’entre nous. Toutefois, les fonctionnalités proposées sur les applications des banques traditionnelles ne sont pas toujours très sophistiquées : une liste d’opérations, une interface de virement, quelques infos sur votre carte bancaire, et c’est en général à peu près tout. Un manque d’audace qui a contribué au succès de deux applications de gestion budgétaire, Bankin’ et Linxo : 3,2 millions d’utilisateurs en Europe revendiqués par la première et 2,8 millions en France pour la seconde.

Dans leur sillage, une nouvelle génération de coachs budgétaires mobiles est en train d’apparaître. Des applications qui apportent des solutions à des problèmes plus spécifiques. Parmi eux, la prévention des découverts et donc des frais qui vont avec : agios, commissions d’interventions, rejets de paiement, etc.

Dans le domaine, on peut distinguer deux approches différentes. La première est celle adoptée, notamment, par deux jeunes pousses françaises, Moneezen et Sherwood. Comme Bankin’ et Linxo, elles accèdent, avec votre accord, à vos relevés de compte pour vous alerter à l’avance d’un risque de dépassement de découvert autorisé. Mais elles ajoutent une brique supplémentaire : le déblocage quasi-instantané d’une avance de trésorerie - jusqu’à 300 euros chez Moneezen, jusqu’à 250 euros chez Sherwood, permettant de rester dans le vert en attendant son salaire. Un service payant (1,99 euros + de 1,50 à 3,80 euros par utilisation, selon le montant emprunté, chez Moneezen ; 4,99 euros par mois chez Sherwood) mais qui permet d’éviter de tomber dans la spirale des frais d’incident.

Autre approche : le calcul du reste à vivre, c’est-à-dire le budget qui vous reste une fois que vous avez réglé vos charges récurrentes. C’est la spécialité de Pilote Budget, développée par La Banque Postale en partenariat avec des associations, de Fastoche, qui permet en plus de détecter les aides publiques auxquels vous avez le droit, ou encore de Budget Grande Vitesse (BGV), une application développée par l’association Cresus, dont le lancement est prévu en 2020.

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Les offres de crédit express

En faisant votre shopping, vous tombez sur le nouveau smartphone de vos rêves. Mais vous n’avez pas l’argent pour vous l’offrir. Le crédit conso est une solution, même s’il faut l’utiliser avec modération. Problème : souscrire un prêt personnel prend du temps. Avant de vous l’accorder, le prêteur doit en effet, entre autres formalités, apprécier le risque qu’il prend à vous prêter de l’argent. Pour cela, il vous attribue une note (un « score » dans le jargon bancaire), basée notamment sur votre situation financière. Un examen qui passe aujourd’hui par l’analyse des bulletins de salaires ou de l’avis d’imposition que vous leur fournissez. Résultat : entre la demande et le virement effectif de l’argent, il peut ainsi s’écouler plusieurs jours. Pas idéal quand on veut financer un achat coup de cœur…

Les banques ont bien sûr conscience de ce frein. C’est pourquoi elles travaillent toutes à des solutions pour accélérer le processus. Des prêts express sont ainsi déjà apparus chez certains acteurs, des spécialistes comme Oney ou Banque Casino ou des enseignes généralistes comme La Banque Postale et Orange Bank. Ces dernières, toutefois, les réservent à des clients déjà connus, dont elles ont déjà calculé le score.

Les offres de prêt de ce type devraient toutefois se démocratiser rapidement. Et ce, encore une fois, grâce à la DSP2 et à la possibilité de donner à des tiers un accès à vos relevés de compte. En effet, les données transactionnelles qu’ils contiennent sont extrêmement riches d’informations sur votre train de vie et permettent, grâce à des algorithmes, de trancher quasi-instantanément sur votre capacité à affronter les futures échéances de remboursement. Déjà, Franfinance, filiale spécialisée de la Société Générale, propose aux candidats à l’emprunt rejetés sur la base des critères d’octroi traditionnels de leur offrir une seconde chance, à condition qu’ils acceptent de donner à l’organisme de crédit un accès à leurs données transactionnelles. Une première en France, selon Franfinance, qui devrait donner des idées à d’autres.

Le virement instantané

La quête du temps réel est omniprésente dans les nouveaux services bancaires. 2019 a ainsi vu le début du déploiement à grande échelle du virement instantané, nouveau moyen de paiement porté par les institutions européennes, qui permet de transférer des euros d’un compte bancaire à un autre en moins de 10 secondes.

En 2020, le nombre de services s’appuyant sur ce virement instantané va être décuplé. Grâce à Paylib entre amis, déjà disponible chez BNP Paribas, Banque Populaire-Caisse d’Epargne (BPCE), Arkéa (Crédit Mutuel de Bretagne), Crédit Agricole ou Société Générale, et prochainement à La Banque Postale, au Crédit Mutuel et au CIC, vous allez pouvoir à très court terme faire des transferts d’argent instantanés et gratuits à vos proches. Mais ce n’est pas tout.

Le virement instantané est appelé à enrichir progressivement nombre de services fournis par votre banque, votre assureur ou par vos commerçants préférés. Déjà, certains assureurs - des filiale de grands groupes comme Natixis Assurances ou des jeunes pousses comme Luko - l’utilisent pour ramener à quelques heures seulement le délai de prise en charge des sinistres simples. Air France va de son côté ajouter le virement instantané aux moyens de paiement proposés à ses clients pour régler leurs billets d’avion. Sur ce créneau du voyage, et plus généralement du commerce en ligne, il a ainsi vocation à concurrencer la carte bancaire. Arkéa l’a bien compris : la banque bretonne a récemment étendu les assurances de ses cartes bancaires aux paiements effectués par virements instantanés.

Le paiement en ligne sans carte bancaire

Conçue pour payer dans les points de vente physiques, la carte bancaire s’est remarquablement bien adaptée à l’ère du commerce en ligne : elle est, de très loin, le moyen de paiement le plus utilisé pour régler les achats sur internet. Et ce malgré quelques fragilités en termes de sécurité.

Cette mainmise pourrait toutefois être remise en cause. La DSP2 permet en effet à des acteurs non bancaires d’obtenir un agrément d’initiation de paiement, les autorisant avec votre accord à initier des virements directement depuis votre compte bancaire. En clair, plutôt que de vous demander vos numéros de carte bancaire, un e-commerçant pourra aller chercher l’argent directement sur votre compte bancaire. Courante en Allemagne, aux Pays-Bas et dans d’autres pays européens, cette nouvelle manière de payer présente des avantages indéniables : simplicité, sécurité, immédiateté. Elle devrait ainsi commencer rapidement à se mettre en place en France. C’est un signe, l’opérateur télécom Free vient par exemple de demander un agrément d’initiateur de paiement…

Le cashback sur carte bancaire

La carte bancaire n’a toutefois pas dit son dernier mot. Elle reste de très loin votre moyen de paiement préféré, hors cash, et son utilisation continue de progresser d’année en année. Pour soutenir cette croissance, les réseaux Visa et Mastercard, les banques mais également de nouveaux entrants ne cessent d’enrichir les services qui lui sont associés.

Un, en particulier, a le vent en poupe actuellement : le « cashback ». Sous cet anglicisme se cache le remboursement, directement sur votre compte, d’une petite partie (autour de 5% à 10% en général) des dépenses effectuées par carte bancaire dans certaines enseignes partenaires. Encore peu développée en France (contrairement aux Etats-Unis ou à certains pays d’Asie), cette manière de fidéliser les clients est appelée à se développer. Précurseur dans le domaine, LCL a été rejointe, notamment, par BNP Paribas et Société Générale, en attendant d’autres. Des jeunes pousses s’intéressent également à ce marché : citons Paylead, qui a annoncé récemment des partenariats avec Groupama ou Max, la néobanque d’Arkéa, ou l’application Joko. 2020 devrait ainsi être l’année du cashback.

Quelles nouvelles marques en 2020 ?

2017 avait vu l’arrivée sur le marché français de N26 et Revolut, 2018 celle d’Orange Bank, 2019 de Ma French Bank… Qu’en sera-t-il en 2020 ? Dans l’immédiat, aucun nouvel acteur de la banque au quotidien n’a clairement annoncé son intention de débarquer dans l’Hexagone à court terme. Ces derniers jours, la rumeur du lancement d’une néobanque par l’opérateur télécom Free a été relancée. Elle apparaît toutefois sans grand fondement.

On prête également aux géants du numérique des velléités dans le domaine. Apple, déjà, a lancé une carte de crédit aux Etats-Unis. Mais rien n’indique qu’elle sera importée en Europe, en tout cas en 2020. En réponse, Google devrait également proposer des services bancaires l’an prochain. Mais juste aux Etats-Unis. Facebook et Amazon, enfin, avancent leurs pions dans les paiements, mais uniquement dans le cadre de leurs activités historiques pour l’instant.

De nouvelles offres pourraient toutefois arriver l’an prochain. Pumpkin, un service de paiement entre amis racheté en 2017 par Arkéa, a annoncé de longue date sa volonté de lancer une carte bancaire. Le projet semble toutefois au point mort. L’application de gestion budgétaire Linxo va, elle, franchir le pas en 2020. Enfin, on pourrait voir une nouvelle néobanque étrangère tenter sa chance en France : c’est l’intention, par exemple, de la Britannique Starling.

A consulter : le comparatif des offres des banques mobiles