Dans l’univers bancaire, un nouvel ovni a atterri le 23 avril dernier. Son nom : Xaalys. Sa particularité : il s’agit de la première néobanque en France exclusivement destinée aux adolescents. Rencontre avec sa patronne Diana Brondel.

Comment vous est venue l’idée de créer une néobanque dédiée aux adolescents ?

Diana Brondel : « Xaalys, fondée début 2017, se situe à l’intersection de ma vie professionnelle – j’ai travaillé 10 ans à la Société Générale – et personnelle – je suis maman de deux garçons. Mon expérience bancaire m’a donnée l’occasion de constater que les banques ne se préoccupent pas de l’éducation financière des enfants. Cette observation s’est imposée à moi en 2015, au moment où les néobanques N26 et Revolut faisaient leur grande percée en France. Ces deux acteurs ne s’adressent pas, non plus, aux très jeunes. Mais, dans les pays anglo-saxons, des néobanques se sont spécialisées sur cette cible, à l’image de GoHenry au Royaume-Uni ou de Spriggy en Australie. Une vraie source d’inspiration ! »

Pourquoi Xaalys ? Ce nom a-t-il une histoire particulière ?

GoHenry au Royaume-Uni ou de Spriggy en Australie, une « source d’inspiration » pour Xaalys

D.B. : « Xaalys veut dire « argent » en Walof, la langue du Sénégal, mon pays d’origine. Ce nom me parlait et me plaisait. Et, en interrogeant les groupes d’adolescents avec qui nous avons travaillé, ceux-ci se sont montrés enthousiastes… Le « X » donnant une connotation technologique que les jeunes apprécient. »

Votre cible dénote effectivement par rapport à la plupart des néobanques qui s’adressent en priorité aux jeunes actifs nomades. Néanmoins, le compte Nickel dispose aussi d’une offre dédiée aux 12-17 ans. En quoi vous démarquez-vous de ce pionnier dans l’Hexagone ?

D.B. : « La première différence concerne la carte bancaire. Celle-ci est embossée au nom de l’enfant. Ce dernier peut également choisir et modifier son code secret. Plus généralement, l’application Xaalys est véritablement pensée comme un compagnon reliant l’enfant et ses parents. En ce sens, elle présente deux univers distincts. Côté parents, l’application mobile permet d’accompagner l’enfant tout en suivant ses dépenses. Les parents peuvent bloquer et débloquer la carte, personnaliser ses plafonds ou encore paramétrer des notifications pour être informés lorsqu’une dépense dépasse le seuil qu’ils fixent. Par ailleurs, notre offre comprend une carte physique et une carte virtuelle. Cela permet aux parents de dissocier le traitement des paiements en ligne de ceux en magasin et donc, par exemple, d’interdire les achats sur internet. »

Du côté de l’enfant, comment l’application lui permet-elle de se familiariser avec la gestion de son argent de poche ?

Des fonctionnalités qui « incitent l'adolescent à planifier ses achats et à épargner »

D.B. : « L’enfant a notamment accès à plusieurs modules qui l’incitent à planifier ses achats et à épargner. Il peut par exemple créer des listes de souhaits qui, mises bout à bout, lui permettent de visualiser le budget total – et parfois conséquent – que ses envies représentent. Dans un second temps, les cagnottes obligent l’enfant à hiérarchiser ses souhaits et à leur associer un horizon temporel. La fonction tirelire permet, quant à elle, à l’adolescent de mettre de l’argent de côté sans but d’achat précis. Selon l’échéance choisie - entre 3, 6 et 12 mois - l’application lui propose plusieurs scénarios de prélèvement pour atteindre son objectif. Sur Xaalys, l’éducation financière passe aussi par du contenu pédagogique. Nous avons noué un partenariat avec le portail « La finance pour tous » agréé par le ministère de l’Education nationale. Le site internet nous envoie des supports sur la thématique de l’argent que nous rendons plus ludiques avec des quizz et des charades. »

Dans l'objectif d'éduquer un enfant à la gestion budgétaire, est-ce vraiment responsable de lui confier une carte dès ses 12 ans ? N’a-t-il besoin de manipuler de l’argent liquide pour en comprendre la valeur ?

D.B. : « C’est vrai, mais ce n’est pas antinomique. La carte bancaire ne se substitue pas aux pièces et billets. Une fois sa carte en main, l’une des premières choses que l’enfant demande à ses parents est d’aller retirer de l’argent au distributeur. De plus, une fois le retrait effectué, la plus-value de Xaalys est de lui permettre de connaître de suite le montant restant sur son compte, ce que les applications des banques traditionnelles ne permettent souvent pas. »

Combien coûte le compte Xaalys ?

D.B. : « L’application est téléchargeable gratuitement. Elle donne accès à l’intégralité du contenu pédagogique et à la liste de souhaits. Le compte bancaire est lui payant. A sa souscription, nous facturons 10 euros pour recevoir la carte. Puis, l’abonnement coûte 3 euros par mois par binôme enfant-parents et 2 euros mensuels par enfant supplémentaire. »

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Vous êtes-vous fixé des objectifs de conquête de clients ?

« A fin 2020, nous espérons atteindre 40 000 clients »

D.B. : « D’ici fin 2019, notre but est d’avoir entre 7 000 et 10 000 utilisateurs. A fin 2020, nous espérons atteindre 40 000 clients, et même 75 000 à 80 000 à fin 2021. Toutefois, en nouant des partenariats de distribution, nous pourrons aller bien plus vite. »

A quels partenaires pensez-vous ? A des acteurs bancaires ?

D.B. : « Ce sont les opérateurs téléphoniques qui m’intéressent davantage. Leur stratégie actuelle consiste à devenir les plateformes multicanaux des familles en leur proposant d’autres services que le seul forfait mobile et l’abonnement internet. Dans ce contexte, nouer un partenariat avec Xaalys leur permettrait d’ajouter une brique supplémentaire à savoir l’outil compte de paiement et carte pour les enfants. Nous voulons aussi nouer des partenariats commerciaux avec des marques pour proposer aux adolescents des bons plans. »

Sur ce point, cela nécessite de trouver un équilibre délicat entre l’intérêt pédagogique de Xaalys et sa visée commerciale…

D.B. : « Tout à fait. Il est hors de question de créer une page avec des bons de réduction téléchargeables à souhait. Avec ces partenariats, nous pensons plutôt à récompenser un enfant qui aurait constitué une cagnotte et économisé en ce sens depuis plusieurs mois. »

L’offre Xaalys est la même quel que soit l’âge de l’utilisateur. Par la suite, prévoyez-vous de segmenter davantage votre néobanque ?

D.B. : « Très clairement, nous sommes conscients qu’entre 12 et 14 ans et entre 15 et 17 ans les usages et les besoins varient. Par conséquent, l’une des premières questions qui se posera dans les prochains mois sera d’adapter nos parcours et nos contenus en fonction de la tranche d’âge des clients. »

Fiche d'identité : Xaalys
ActivitéNéobanque pour adolescents
Site webwww.xaalys.com
Date de création30 avril 2017
Date de lancement17 avril 2019
Clientèle viséeAdolescents de plus de 12 ans et leurs parents
Marché viséFrance
AgrémentAgent d’un établissement de paiement
Capital77 225 euros
Chiffre d'affairesNA
Nombre de clientsNA
Effectif actuel9 personnes (4 à Paris, 5 à Dakar)

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