Ibanfirst, qui cible les entreprises réalisant des transferts en devises, vient d’engranger la coquette somme de 15 millions d’euros. Objectifs de la fintech franco-belge : accroître son équipe commerciale, s’internationaliser et profiter des possibilités ouvertes par la directive européenne DSP2.

Après avoir levé ses 10 premiers millions d’euros en octobre 2016 auprès de Xavier Niel, la société spécialisée dans les paiements en devises pour les professionnels vient de boucler un second tour de table. Les 15 millions d’euros ainsi collectés ont été apportés en partie par le patron de Free. Mais c’est surtout la société de capital-risque Serena Capital qui a cette fois-ci mis la main au portefeuille. « Ces fonds serviront à la recherche et au développement, au lancement de nouveaux services ainsi qu’au renforcement de la présence internationale d’Ibanfirst », souligne la fintech par communiqué. Interrogé, Pierre-Antoine Dusoulier, son fondateur, nous détaille un peu plus ses ambitions.

Ibanfirst veut tripler ses commerciaux en France

Lancée en 2013, Ibanfirst, qui comptait 1 500 clients en juillet, en revendique désormais 2 500 pour 40 000 transactions intermédiées en 2018. Pour continuer sur sa lancée, la fintech souhaite décupler sa force de frappe commerciale. « Les clients entreprises ne viennent pas à nous grâce aux bannières, à l’onboarding [l'accompagnement des nouveaux utilisateurs grâce à des outils numériques, NDLR] . Nous avons besoin d’une équipe commerciale solide. De fait, cet argent frais nous permettra notamment de recruter : de 18 commerciaux actuellement, nous passerons l’année prochaine à 50 pour la France », explique ainsi Pierre-Antoine Dusoulier.

Pour accroître son nombre d’utilisateurs, Ibanfirst va également poursuivre son internationalisation. Dans son giron principalement : les pays commerçant avec la zone euro. « Nous visons les pays de l’Europe de l’Est qui n’ont pas l’euro et dans lesquels nous pouvons ''passeporter'' notre agrément européen ». Ainsi, « six commerciaux sont déjà actifs sur le marché tchèque, hongrois et roumain », détaille le fondateur de la fintech. Plus proche de nous : « début octobre, nous avons ouvert un bureau à Anvers afin de ''targeter'' la Flandre et la Hollande ».

Ibanfirst, qui réfléchit aussi à poser ses valises en Italie, a également des ambitions asiatiques. Dans son viseur : Singapour où la jeune pousse lorgne en direction des PME s’approvisionnant en Europe. « Avoir un pied dans l’Asie du Sud-Est est pertinent notamment pour cibler les entreprises qui importent en Europe », souligne Pierre-Antoine Dusoulier. « En nous utilisant, elles ont accès à la zone Sepa. Au lieu d’effectuer plusieurs opérations et de multiplier les frais, elles peuvent ainsi faire un seul virement sur leur compte Ibanfirst et payer tous leurs fournisseurs en euros », poursuit-il.

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Un service transparent pour les utilisateurs

Mais la jeune pousse n’oublie pas pour autant les entreprises déjà clientes. Forte de ses agréments de prestataire de services d’informations sur les comptes (AISP) et d’initiation de paiement (PISP), la start-up va fluidifier son service de transfert de fonds à l’international. D’ici un an, ses utilisateurs n’auront plus besoin de virer eux-mêmes de l’argent sur leur compte Ibanfirst.

Actuellement, « quand une entreprise doit régler 300 000 dollars à un fournisseur situé à Hong-Kong, elle doit transférer les euros de son compte principal sur Ibanfirst. Puis nous effectuons le change en dollars et ensuite déclenchons l’ordre de paiement », décrit le fondateur de la fintech. Bientôt, « l'initiation de paiement rendue possible par la DSP2 [2ème directive européenne sur les moyens de paiement, NDLR] nous permettra d’aller nous-mêmes chercher l’argent sur le compte de la société », complète Pierre-Antoine Dusoulier. En test, ce service sera vraiment opérationnel en septembre 2019.