La procédure d'ouverture de comptes de N26 est-elle à la hauteur ? La question est posée depuis qu’un hebdomadaire économique allemand a affirmé, en fin de semaine dernière, avoir réussi à y ouvrir un compte avec de faux papiers. La néobanque berlinoise relativise.

Parmi les promesses de modernité faites par la banque mobile N26 figure la rapidité d’ouverture des comptes. « Un compte courant en 8 minutes », annonce-t-elle ainsi sur son site vitrine en France. Pour parvenir à cet exploit, la néobanque a, comme d’autres, entièrement dématérialisé la procédure, y compris l’étape de vérification de l’identité du nouveau client. Pour cela, elle a développé un protocole intégrant un appel vidéo sur mobile avec un conseiller, voire, en Allemagne seulement, un passage en bureau de poste. Objectif : s’assurer que la pièce d’identité utilisée pour ouvrir le compte est valide et appartient bien à son porteur.

Plus récemment, N26 a toutefois choisi de mettre en place une autre solution, moins contraignante. PhotoIdent, proposé par SafeNed, une société enregistrée en Grande-Bretagne, consiste pour le client à prendre en photo, toujours avec son mobile, sa carte d’identité ou son passeport, puis à se prendre lui-même en photo. En France, cette méthode a remplacé l'appel vidéo début 2018.

Une procédure non conforme pour le régulateur

C’est précisément cette nouvelle méthode dont WirtschaftWoche interroge, non seulement l’efficacité, mais aussi la légalité. Selon l’hebdomadaire économique allemand, elle serait en effet insuffisante pour détecter certains dispositifs de sécurité embarqués dans les pièces d’identité modernes. Pour preuve, il affirme dans son édition de vendredi dernier avoir réussi à ouvrir un compte courant avec de faux papiers. Il cite également le régulateur allemand, la BaFin, qui a jugé la procédure d’identification de N26 « non conforme aux lois sur le blanchiment d’argent ».

Une affirmation contestée par Jérémie Rosselli, porte-parole de N26 en France. « Contrairement aux déclarations de Wirtschaftswoche, le recours à la méthode de vérification d’identité par photo, comme le fait N26, est bien légalement autorisé. (…) SafeNed est une entreprise autorisée au Royaume-Uni qui est elle aussi soumise à des exigences réglementaires concernant la prévention du blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. (...) D’après la loi allemande pour la lutte contre le blanchiment (…), N26 peut faire appel à une tierce partie autorisée dans l’Union européenne, dans ce cas un prestataire de services de paiement au Royaume-Uni, pour procéder à la vérification de l’identité de ses clients (…). La procédure de vérification est alors soumise à la loi applicable à cette tierce partie (dans l’exemple ci-dessus, la loi en vigueur au Royaume-Uni). »

Pas d’augmentation du risque de fraude

Voilà pour le fond. Sur la forme, à savoir la possibilité d’ouvrir un compte avec de fausses pièces d’identité, le porte-parole affirme que N26 prend « très au sérieux les observations de Wirtschaftswoche » et va « les vérifier en détail », quitte à prendre « les mesures appropriées, si nécessaire ». Il rappelle toutefois que la « méthode de vérification d’identité par photo n’entraîne pas d’augmentation du risque de fraude en comparaison avec les autres méthodes de vérification d’identité par appel vidéo (...) » et qu’une fois l’identité du client vérifiée, « [N26 procède] à la surveillance continue des transactions effectuées », afin de détecter d'éventuelles « activités illégales, comme le blanchiment d’argent ou le financement du terrorisme ».

En France, la néobanque a d'ailleurs été récemment critiquée pour des gels de comptes sans préavis, justement motivés par cette surveillance anti-blanchiment. Une autre néobanque, la londonienne Revolut, a elle pris les devants et signalé au régulateur britannique qu’elles soupçonnaient certains de ses clients d’utiliser leur compte pour blanchir de l’argent.

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