Le régulateur bancaire français s’intéresse aux nouveaux acteurs bancaires, banques en ligne et néobanques. Qui sont-elles ? Quelle place ont-elles prise sur le marché ? Combien gagnent-elles d’argent, et comment ? Etat des lieux.

Banques en lignes, banques mobiles, néobanques : autant de termes qui servent aujourd’hui à désigner les nouveaux acteurs bancaires apparus depuis le début du XXIe siècle. Dans un rapport publié cette semaine (1), l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), régulateur français du secteur financier, dresse un large état des lieux de leur impact sur le marché français et pose notamment la question de leur capacité à gagner de l'argent. Tour d’horizon en 7 chiffres clés.

Un marché à 12 acteurs principaux

Pour les besoins de leur étude, les 3 auteurs ont retenu un panel de 12 banques en lignes et néobanques, qu’ils divisent en 4 générations, en fonction de la date de naissance et/ou de leurs modèles :

  • 1ère génération : Monabanq, ING Direct, Fortuneo, Boursorama ;
  • 2ème génération : BforBank, Hello Bank ;
  • 3ème génération : Nickel, C-zam, Orange Bank, My French Bank ;
  • 4e génération : Revolut, N26.

6,5% - Grâce aux statistiques recueillies dans le cadre de cette étude, l’étude fournit une estimation assez fine de la pénétration de ces nouveaux acteurs sur le marché français. Ils cumulaient ainsi, à la fin de l’année 2017, 4,4 millions de clients. Soit environ 6,5% de la population française. Toujours une niche, donc.

3,9% - Au début des années 2000, les premières enseignes se sont lancées comme des spécialistes de l’épargne (livrets bancaires, bourse puis assurance-vie) avant d’élargir progressivement leur fonds de commerce à la banque du quotidien. Cela se voit encore dans les chiffres : ces 4,4 millions de clients détiennent seulement 3,1 millions de comptes courants, soit 3,9% des 80 millions de comptes courants ouverts dans le pays.

14% - Les banques en ligne ne sont pas toutes utilisées au quotidien : les auteurs estiment à 14% la part des clients inactifs et à 23% la part des clients qui y domicilient leurs revenus

33,5% - Les nouveaux acteurs font en revanche preuve d’un indéniable dynamisme commercial. Sur la seule année 2017, ils ont conquis 1,3 million de clients, soit 33,5% des conquêtes de clients toutes banques confondues.

Nickel revendique un quart du marché

Dans un communiqué publié à la suite de l’étude, le compte de paiement Nickel, qui a dépassé récemment le million de clients, revendique à lui seul, un quart de la conquête des néobanques et 8% de la conquête globale. Il estime également à 25% sa part du marché des néobanques, avec 2 fois plus de comptes principaux que chez ses concurrents.

138 euros - Dynamiques commercialement, les nouveaux acteurs ne sont pas pour autant rentables économiquement, loin de là. « Cela tient tout d’abord à la faiblesse du produit net bancaire (PNB) [équivalent du chiffre d'affaires pour les banques, NDLR] mesuré en moyenne sur 7 établissements à 138 euros par an et par client (avec toutefois une forte hétérogénéité des résultats puisque l’écart-type est de 60 euros) » note le rapport.

24% - Si Nickel revendique - malgré son modèle low cost - la rentabilité depuis juillet 2017, ce n’est pas le cas de tous les acteurs. Pour atteindre la taille critique qui leur permettra d’amortir leur base de coûts (dépenses de personnel, frais informatiques notamment), la plupart des banques en ligne continuent en effet d’assumer de très fortes dépenses en marketing. Sept d’entre elles, sur les douze du panel, proposent ainsi des primes de bienvenue, généralement de 80 euros, un poste qui peut représenter jusqu’à 24% de leur PNB.

10% - Outre les économies d’échelle (accroître leur nombre d'utilisateurs pour amortir leurs frais fixes), la principale source de rentabilité pour les banques en ligne est la fidélisation des clients et leur équipement en produits d’épargne et surtout en crédits à la consommation ou immobilier. Mais dans ce domaine, la route est encore longue : moins d’un client sur 10 a souscrit aujourd’hui un crédit dans sa banque en ligne.

(1) « Etude sur les modèles d’affaires des banques en ligne et des néobanques », co-rédigée par Nathalie Beaudemoulin, Pierre Bienvenu et Olivier Fliche.