Avec le prélèvement de l'impôt à la source, les sommes effectivement versées sur les comptes des salariés vont baisser. Comment les banques en ligne, qui demandent un certain niveau de revenus pour accéder à leurs offres, vont-elle réagir ?

C’est un des piliers du modèle des banques en ligne, et leur principal argument marketing : la gratuité de la carte bancaire et, plus généralement, des opérations de banque au quotidien. Pas un cadeau pour autant. L’accès à cette tarification avantageuse est en effet soumis, en règle générale, à une condition : disposer d’un revenu net mensuel suffisant.

Qui impose des conditions de revenus pour la carte bancaire gratuite ?

  • BforBank : 1 600 euros de revenus nets mensuels pour la Visa Premier
  • Fortuneo : 1 200 euros pour la Mastercard Classic, 1 800 euros pour la Gold, 4 000 euros pour la World Elite
  • Hello Bank : 1 000 euros pour la Visa Classic, 1 800 euros pour la Premier
  • Boursorama Banque : 1 000 euros pour la Visa Classic, 1 800 euros pour la Premier

Pas de conditions de revenus, mais pas de gratuité chez Monabanq. ING Direct n’impose pas de justifier de ses revenus, mais conditionne la gratuité au dépôt d’au moins 1 200 euros par mois sur le compte. Boursorama Banque dispose également d’une carte Visa d’entrée de gamme, Welcome, accessible sans conditions.

A consulter sur cBanque : Comment obtenir une carte bancaire gratuite ?

Cette notion de « revenu net mensuel », qui correspond actuellement à la somme versée sur votre compte par votre employeur, une fois les diverses cotisations et contributions sociales (santé, retraite, famille, etc.) réglées, est toutefois appelée à évoluer prochainement. Le 1er janvier 2019 entre en effet en vigueur le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu. Son principe est assez simple, même si sa mise en œuvre ne l’est pas : plutôt que de régler votre impôt sur le revenu à part, à l’échéance ou par prélèvement, il sera déduit, à la source, de vos émoluments mensuels. Résultat : les contribuables soumis à imposition verront la somme effectivement versée sur leur compte baisser. Avec comme conséquence, pour certains, de passer sous le seuil d’éligibilité de la carte bancaire gratuite.

Pas de soucis pour les cartes d’entrée de gamme

Comment les banques en ligne vont-elles s’adapter à la nouvelle donne ? La question ne se pose pas vraiment pour les cartes classiques, accessibles dès 1 000 euros (Hello Bank, Boursorama) ou 1 200 euros (Fortuneo) de revenu net mensuel. A ce niveau de salaire en effet, un contribuable n’est pas soumis à l'imposition.

Elle se pose en revanche pour les cartes plus haut de gamme, de type Gold ou Premier, accessibles gratuitement à partir de 1 600 euros (BforBank) ou 1 800 euros (Fortuneo, Hello Bank, Boursorama Banque) de revenus nets mensuels.

Ainsi, un salarié, célibataire sans enfants, dont le revenu net mensuel s’élève aujourd’hui à 1 600 euros, verra, avec le prélèvement à la source, le montant effectivement versé sur son compte amputé en moyenne de 2,5%, l'équivalent du taux « non personnalisé », soit un total versé par l’employeur de 1 560 euros. Si son revenu s’élève à 1 800 euros, le taux passera à 4,50% et le total versé sera de 1 719 euros.

Lire sur le sujet : Quel taux d'imposition pouvez-vous choisir ?

Changement de référence

Les contribuables concernés par ce cas de figure pourront-ils toujours accéder à la carte gratuite ? Tout dépendra des choix faits par les banques en ligne. En préférant le statu quo, elles deviendront un peu plus difficiles d’accès. Pour l’éviter, elles pourront choisir de baisser leurs seuils.

Mais le scénario le plus plausible est celui d’un changement de référence. C’est notamment le choix fait par Fortuneo. La banque en ligne du Crédit Mutuel Arkéa nous a confirmé qu'elle n'avait pas l’intention de modifier ses seuils d’accès. Elle prendra en compte, en revanche, non plus le revenu net versé par l’employeur mais le net à payer avant impôt sur le revenu. Cela tombe bien : c’est justement le montant que le gouvernement a choisi de faire figurer en gros caractères sur les fiches de paie post-réforme.

A consulter : les offres des banques en ligne, avec ou sans conditions de revenus