Florence Lustman, la nouvelle présidente de la Fédération française de l'assurance, a plaidé vendredi pour l'établissement de « règles claires et adaptées » pour permettre aux compagnies d'assurance de s'adapter au défi des taux d'intérêt bas et des autres mutations à l'œuvre dans le secteur.

À cet égard, « il est très important à mes yeux que la révision de Solvabilité 2 qui va démarrer soit encadrée par un mandat politique clair qui tienne compte de la situation économique actuelle et des défis que nous avons à relever », a déclaré Florence Lustman à l'occasion de la conférence annuelle de la fédération.

Entrées en vigueur en 2016, les règles prudentielles dites « Solvabilité 2 » imposent aux compagnies du secteur de provisionner un certain montant de fonds propres lorsqu'elles investissent sur les marchés. Or ce régime impose des contraintes élevées sur l'investissement en actions. Le secteur français de l'assurance réclame de longue date une modification de ces règles qui pénalisent, selon lui, les investissements de long terme et l'investissement dans les entreprises. Une révision de ce dispositif est prévue l'an prochain à l'échelle européenne, sur laquelle l'assurance française espère pouvoir compter pour faire prévaloir ses vues.

Bercy travaille à l'assouplissement des contraintes européennes

Vendredi, le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire a renouvelé son soutien au secteur à l'occasion d'une intervention prononcée durant la même conférence. « Nous devons réviser de manière intelligente la directive (...) Solvabilité 2 qui est une question clé pour le succès du financement des projets économiques européens », a souligné Bruno Le Maire, décrivant le secteur de l'assurance comme « stratégique » pour le financement de l'économie française.

Le ministre a notamment souligné le caractère « absurde » des règles actuelles liées à la détention d'actions par les assureurs, celles-ci obligeant à mettre des niveaux de capital élevé en réserve, ce qui est « totalement contradictoire avec nos objectifs ». La France a déjà obtenu ces derniers mois un allègement des exigences de capital liées à la détention d'actions au-delà d'un certain intervalle de temps, une mesure destinée à inciter les compagnies à investir sur le long terme. « Il faut aller plus loin », a estimé le ministre, expliquant vouloir obtenir le même allègement pour la détention de « toute action participant effectivement au financement de notre économie ». Une telle évolution a les faveurs du secteur de l'assurance qui, bien que prospère et solide, voit s'accumuler ces dernières années un certain nombre de difficultés.

« On s'enrichit en s'endettant »

« Notre profession est exposée à des défis qui sont de plus en plus globaux et mondialisés », a souligné Florence Lustman, qui a pris ses fonctions début octobre, succédant à Bernard Spitz qui a porté pendant dix ans la voix du secteur. Florence Lustman, dont l'intervention constituait l'une des premières prises de parole publiques, a tout particulièrement insisté sur l'environnement de taux d'intérêt bas, voire négatifs, qui pèse depuis de nombreux mois sur les compagnies d'assurance.

« C'est la première fois dans l'histoire de notre profession, mais surtout dans l'histoire économique, que l'argent ne coûte rien, on s'enrichit en s'endettant. (...) Nous nous devons d'envisager les conséquences d'une poursuite éventuelle de cette situation profondément anormale », a fait valoir Florence Lustman.

Parmi les autres défis évoqués, elle a mis en avant le risque cyber, la révolution du numérique, le changement climatique ou encore le vieillissement de la population. « Ces périodes sont fécondes pour nous, mais encore faut-il que nous ayons les coudées franches pour exercer notre métier », a fait valoir la dirigeante, réclamant « des règles adaptées et efficaces pour pouvoir jouer à plein notre rôle ».