La tendance se dessinait déjà en 2016. L’année 2017 l’a confirmée : les détenteurs de contrats d’assurance-vie versent en priorité sur les unités de compte et non plus sur les fonds en euros.

« L’assurance-vie poursuit son adaptation à l’environnement de taux bas. » Voici, en résumé, la conclusion de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), le régulateur du secteur, à l’heure d’analyser le marché de l’assurance-vie à la fin 2017 sur la base des plus grosses compagnies du marché (1).

L’année 2017 fait ainsi plus que confirmer la tendance défavorable aux fonds en euros : « L’année 2017 présente la collecte nette totale la plus faible sur les 5 dernières années (+5 milliards d’euros) en raison de la décollecte nette observée – à un niveau historique – sur les supports en euros (-19,4 milliards d’euros). » Pour rappel, en 2016, sur ce même échantillon de grandes compagnies, la collecte nette restait encore très légèrement positive (+0,8 milliard d’euros) sur les fonds en euros.

Orientation consciente ou forcée vers les UC ?

La collecte nette annuelle de l’assurance-vie reste dans le vert grâce aux flux sur les supports en unités de compte (UC), qui enregistrent une collecte nette inédite de +24,4 milliards d’euros. L’ACPR tient aussi des statistiques sur les arbitrages d’une famille de support vers une autre. Historiquement très favorables aux fonds en euros, ces arbitrages s’orientent depuis la mi-2016 bien plus clairement vers les UC. En 2017, les flux d’arbitrage ont été favorables aux UC à hauteur de 4 milliards d’euros. Et la tendance se confirme sur le début d’année 2018 selon l’ACPR : sur le premier trimestre, la collecte nette des UC uniquement due aux arbitrages provenant des fonds en euros est de 1,9 milliards d’euros.

« De ce fait, le recul du poids des supports en euros (au profit des supports en UC) permet pour les assureurs vie de réduire l’impact des taux bas sur la rentabilité de leur activité », souligne l’ACPR, qui rappelle ainsi que les assureurs ont tout intérêt à encourager leurs clients à s’orienter vers les UC. Les détenteurs d’assurance-vie se détournent-ils ainsi des fonds en euros uniquement en constatant les baisses de rendement, ou suite à des incitations de la part de leur assureur ? Sur ces éléments, le régulateur ne livre aucun élément d’analyse.

Lire aussi : Le palmarès 2017 des rendements de l’assurance-vie

(1) « Situation des assureurs soumis à Solvabilité 2 en France à fin 2017 ». L’échantillon de compagnie représente 95% des encours.