Malgré un ralentissement en 2015, la gestion sous mandat en assurance-vie a poursuivi sa progression exponentielle. Depuis 2011, les encours en gestion déléguée ont plus que doublé !

Si l’Autorité des marchés financiers dévoile chaque année les chiffres clés de la gestion d’actifs, elle ne détaille les encours des « mandats d’arbitrage en unités de compte » (UC) que depuis 2011. 6,67 milliards d’euros investis en UC faisaient alors l’objet d’une gestion sous mandat (1). Une somme qui a progressé très rapidement par la suite : 8,44 milliards d’euros en 2012, 10,18 milliards en 2013, 13,91 milliards en 2014 et 14,34 milliards d’euros en 2015.

Après une forte accélération en 2014, le développement de la gestion sous mandat des UC a donc ralenti en 2015. L’AMF souligne toutefois « qu’au cours de ces cinq dernières années, les encours liés à cette activité ont progressé de 114,9% ». En 2014 comme en 2015, l’AMF attribue ces hausses à la collecte positive globale de l’assurance-vie.

Les groupes bancaires largement dominants

Les plus de 14 milliards d’euros de « mandats d’arbitrage en unités de compte » recensés par l’AMF mêlent aussi bien de la gestion collective sous mandat, aussi appelée gestion pilotée pour l’assurance-vie en ligne, que la gestion privée sous mandat, qui concerne en premier lieu des clients de banques privées (2).

Ce sont justement « les sociétés de gestion filiales d’établissement de crédit qui ont la part de marché la plus importante », souligne l’AMF, « puisqu’elles ont un encours total de 11 milliards d’euros, soit 76,9% du total des actifs liés à la gestion de mandats d’arbitrage en unités de compte ». Si les montants gérés sous mandat individuel dans les banques privées sont importants, « les sociétés de gestion entrepreneuriales » se développent elles aussi sur ce marché. A l’image d’Edmond de Rothschild Asset Management ou Rothschild HDF Investment Solutions, qui conseillent Generali Vie pour les gestions pilotées de Boursorama et ING Direct, ces sociétés « entrepreneuriales » représentent deux tiers des sociétés mandatées sur ce marché.

Assurance-vie : une collecte de plus en plus orientée UC

La gestion sous mandat participe ainsi à la progression de la collecte en UC ces dernières années. En 2015, quand les montants versés sur les fonds en euros ont stagné à 108 milliards d’euros, les versements sur les UC ont grimpé de 20 à 28 milliards d’euros selon la Fédération française de l’assurance (FFA). Résultat : pour la première fois, les unités de compte ont plus fortement pesé que les fonds en euros dans la collecte nette (les versements moins les retraits) en 2015, notamment grâce aux incitations à investir en UC des banques et assureurs. Selon le tableau de bord 2015 de la FFA, les UC ont représenté 59% de la collecte nette annuelle. Une tendance qui se confirme en 2016 : sur les huit premiers mois de l’année, les UC ont encore drainé près de 59% de la collecte nette.

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(1) L’AMF « considère qu’une société de gestion exerce » la gestion sous mandat pour les UC « lorsqu’elle se voit confier, par les souscripteurs d’un contrat d’assurance vie en unités de compte, et par le biais d’un mandat, la possibilité, au gré d’arbitrages, de modifier de façon discrétionnaire en son nom et pour son compte la répartition initialement retenue des primes versées. »

(2) Ces statistiques prennent aussi en compte des produits du type contrat de capitalisation ou contrat retraite Madelin, par exemple, mais les encours restent par nature faibles face à la prédominance de l’assurance-vie.