Le gouverneur de la Banque de France renouvelle son vœu d'une meilleure orientation de l’épargne des Français vers le financement de l’économie. Pour lui, l’assurance-vie euro-croissance ne suffit pas pour y parvenir.

Comment orienter la très conséquente épargne des Français vers des produits risqués ? Cette question revient inlassablement dans le discours de la Banque de France, et plus généralement dans les discours des pouvoirs publics. « On ne transformera pas les épargnants français en épargnants américains, et ce n’est pas souhaitable », tempère le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, jeudi dernier, lors de la conférence de l’observatoire de l’épargne réglementée, soulignant qu’il comprend le besoin de sécurité des Français.

Il veut donc s’adapter à la psychologique « risquophile » de ses compatriotes : « Il y a dans la composante de sécurité, deux éléments différents : la protection du capital d’un côté, et la liquidité de l’autre », explique François Villeroy de Galhau. « Les épargnants français sont sans doute encore plus attachés à la protection du capital, fut-elle à long terme, qu’à la liquidité à tout instant. Il nous paraît souhaitable que les professionnels puissent avoir une réflexion sur des produits qui sont à plus long terme, qui peuvent présenter des formes de garantie en capital au bout d’un certain temps, mais qui permettent aux épargnants de profiter du meilleur rendement des actions sur la durée. »

« L’euro-croissance n’est qu’une amorce »

Faut-il voir dans cette tirade une nouvelle promotion de l’assurance-vie euro-croissance ? Peu probable. Ce produit, opérationnel depuis 2014, assure une garantie (partielle ou totale) en capital aux souscripteurs, mais uniquement au bout d’une durée donnée. Or le gouverneur de la Banque de France ne semble plus croire au potentiel de ce produit, dont la collecte se limite à 773 millions d’euros en 2015 : « L’euro-croissance est une amorce de cela du côté de l’assurance-vie, mais je crois que cela n’est qu’une amorce. »

François Villeroy de Galhau appelle donc de ses vœux une réflexion des pouvoirs publics et des établissements financiers pour élaborer des produits reprenant ce compromis entre long terme et garantie en capital. Pour cela, le gouverneur relève « deux conditions, qui ne dépendent pas de nous » : « Que les professionnels proposent des produits adaptés à ces caractéristiques ; et que la fiscalité ne se traduise pas par des distorsions en faveur des produits non risqués. » Et de souligner que « la fiscalité ne relève pas de la Banque de France » non plus, afin d'appuyer son appel au législateur.

Dans son propos, le gouverneur réserve un dernier petit rappel aux assureurs, afin de les placer, eux aussi, devant leurs responsabilités : « Il est important que les professionnels répercutent, progressivement mais régulièrement, la baisse des taux sur les rendements servis en assurance-vie [sur les fonds en euros, NDLR]. » Objectif : préserver la solvabilité des assureurs, mais aussi éviter d’inciter les épargnants à miser, comme aujourd’hui, une trop importante part de leurs économies sur l’assurance-vie sans risque. Même si ce choix les a protégé, pour le moment, de l'impact du Brexit.

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