Depuis le début de l’année 2015, les assureurs constatent un phénomène rare : la collecte nette des supports en unités de compte est supérieure à celle des fonds en euros. Mais si les épargnants ont opté pour un peu plus de risques, ils modèrent déjà cette tendance à en croire la dernière étude du régulateur.

En juin dernier, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) étonnait en annonçant une collecte nette d’assurance-vie réalisée à 68% sur les unités de compte (UC), au 1er trimestre 2015, chez les douze principaux assureurs du marché (1). Alors que les épargnants se montrent traditionnellement très attachés aux fonds en euros, à capital garanti. Mais cette tendance était confirmée quelques jours plus tard par la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA). Il y a deux semaines, l’association professionnelle du secteur a une nouvelle fois attesté de l’engouement pour ces supports risqués : 9,1 milliards de collecte nette sur les unités de comptes sur les huit premiers mois de 2015, pour une collecte nette de 17,3 milliards d’euros au total.

Le succès des supports en unités de compte, plus risqués mais potentiellement plus rémunérateurs que les fonds en euros, ne se dément pas. Cependant, l’afflux vers les UC se réduit selon l’étude de l’ACPR portant sur le 2e trimestre, publiée hier. Après un pic à 68% de la collecte nette au premier trimestre chez les douze leaders du marché, la proportion est retombée à 59% au 2e trimestre, ce qui reste toutefois bien supérieur aux 38% du 2e trimestre 2014.

Arbitrages : les assurés sécurisent leurs placements

« Sur [une] longue période, il apparait que la part de la collecte en UC est fortement corrélée à l’évolution des marchés boursiers », souligne le régulateur. Or le CAC 40 est branché sur courant (très) alternatif depuis le début de l’année.

Au premier trimestre 2015, comme en 2013 et en 2014, le solde des arbitrages entre les deux principaux types de véhicules de l’assurance-vie restait favorable aux fonds en euros, mais de façon moins nette qu’à l’accoutumée. Retour à la normale au 2e trimestre 2015 avec un solde qui « retrouve sa valeur de long terme » selon l’ACPR. Concrètement, le solde des flux d'arbitrage était favorable aux fonds en euros lors du 2e trimestre, à hauteur de 1 milliard d'euros contre 0,5 milliard au trimestre précédent.

Les UC font tout de même mieux qu'en 2014

Si l'engouement pour les UC n'est plus aussi fort qu'en début d'année, il reste toutefois bien au-delà de ses standards habituels, comme le souligne le régulateur. 4,9 milliards d’euros ont ainsi été versés sur les supports en UC des assurances-vie analysées par l'ACPR au 2e trimestre 2015 : 45% de plus qu’au 2e trimestre 2014. En résumé, les unités de compte brassent plus d’argent qu’à l’accoutumée, mais les détenteurs d’assurance-vie ne sont pas encore prêts à y laisser trop de billes.

(1) L’échantillon est composé de Allianz Vie, Assurance du Crédit Mutuel Vie SA, Aviva Vie, Axa France Vie, Cardif Assurance Vie (groupe BNP Paribas), CNP Assurances, Generali Vie, Groupama Gan Vie, La Mondiale Partenaires, Natixis Assurances, Prédica (groupe Crédit Agricole) et Sogecap (Société Générale). Ils représentent 77% des encours d’assurance-vie en France, mais « seulement 51% de la collecte nette depuis le début de l’exercice 2015 ». « Autrement dit, l’augmentation des flux collectés est moins concentrée sur les principaux organismes », explique ainsi l’ACPR.