Les rendements des fonds en euros de l’assurance-vie ont poursuivi leur baisse en 2014 : 2,54% en moyenne selon le régulateur du secteur. Conséquence : les supports en unités de compte, eux sans garantie en capital mais qui offrent des rendements potentiellement plus élevés, attirent les épargnants. Les résultats semestriels des banques confirment cette montée en puissance des « UC ».

« Les Français ont compris qu'il fallait accepter une part de risque plus importante pour avoir plus de rendement. » Lors de sa conférence de fin juin, le président de la fédération des assureurs (FFSA) Bernard Spitz a souligné un fait inédit : sur les premiers mois de l’année 2015, la collecte nette en unités de compte (UC) a dépassé celle des fonds en euros, auxquels les Français sont d’ordinaire si fidèles. Il venait ainsi confirmer la statistique publiée par le régulateur du secteur, l’ACPR, qui faisait état d’une collecte nette réalisée aux deux tiers sur les supports en UC, chez les douze principaux assureurs français, lors du premier trimestre.

Les résultats financiers des banques et assureurs ne disent pas autre chose. « Hausse des encours d’assurance-vie (+4,7% par rapport au 30 juin 2014), avec une part croissante des contrats en unités de compte (82% de la collecte nette au 2e trimestre 2015) », lit-on dans le rapport semestriel de BNP Paribas. Dans le groupe Banque Populaire-Caisse d’Epargne (BPCE), les UC représentent 45% de la collecte nette sur l’ensemble du premier semestre. Le groupe fait ainsi état d’une augmentation « significative » du poids des unités de compte dans l’ensemble des montants présents sur les contrats d’assurance-vie, qui atteint désormais 19% de l’encours. A titre de comparaison, selon l’ACPR, sur l’ensemble du marché, la part des UC était d’environ 9% de l’encours à la fin des années 90 et de 16,5% fin 2013.

Presque 20% des encours sur les UC

Au Crédit Agricole, la part des supports en unités de compte dans le « stock » grimpe à 19,5% à mi-2015, « en hausse de 0,7 point sur un an », avec près de 50 milliards d’euros contre 205 milliards sur les fonds en euros. CNP Assurances, qui gère les contrats distribués par la Banque Postale et la Caisse d’Epargne, fait état de la « forte croissance » de l’activité UC (+45,5%) qui « représente désormais 17,8% du total épargne/retraite », contre 11,6% au 1er semestre 2014. Le groupe Crédit Mutuel-CIC se contente pour sa part de souligner une progression de la part des unités de compte dans la collecte assurance-vie du Groupe des assurances du Crédit Mutuel.

Lorsque les banques privilégient les statistiques de collecte brute (les versements) à celles de collecte nette (les versements moins les retraits), les pourcentages sont moindres mais ils restent en augmentation. Les supports en unités de compte représentent ainsi 22% de la collecte brute au premier semestre à la Société Générale, une part qui avait déjà progressé de 4 points de 2013 à 2014.

Le constat est le même chez les assureurs traditionnels, à l’image d’Aviva dont la part d’UC dans la collecte brute est de 27% « contre 25% l’année précédente », et ce « sur l’ensemble des lignes d’activité Vie : UFF, Afer, Antarius et Aviva Vie ». Le PDG du groupe Axa Henri de Castries évoque lui une « croissance significative » des activités vie, épargne et retraite, « soutenu[e]s par les produits en unités de compte ».

Les incitations aux UC se généralisent

Ces assureurs traditionnels ont de longue date opté pour des incitations à l’investissement en unités de compte. Les réseaux bancaires s’y sont eux convertis plus récemment, proposant des « bonus de rendement » ponctuels, c’est-à-dire une rémunération boostée sur le fonds en euros à condition de verser un minimum sur les supports en unités de compte. BNP Paribas met ainsi en avant actuellement son offre « bonus pep’s » avec 0,25 ou 0,35 point de rémunération supplémentaire, pour les seules sommes versées à l’occasion de cette offre et non pour l’ensemble de l’argent placé sur le fonds en euros. L’offre court jusqu’au 3 octobre. Même principe au Crédit Agricole avec un « bonus euro » pouvant grimper à 0,50 point (pour 50% du versement en UC) pour les transactions effectuées avant la fin septembre.

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