Dans les contrats d’assurance-vie multisupports, le ou les fonds en euros permettent de disposer d’un capital garanti, rémunéré en moyenne à 2,8% en 2013. En parallèle, les divers supports en unités de compte, de l’OPCVM au tracker en passant par le fonds immobilier, n’offrent pas de garantie en capital mais laissent espérer un rendement potentiellement élevé. Depuis le début 2013, les souscripteurs semblent miser un peu plus sur ces supports. Le point.

La révolution de l’assurance-vie est-elle en route ? Pas réellement : les fonds en euros restent et devraient rester encore longtemps les supports préférés des Français. Mais l’assurance-vie en unités de compte (UC) a bel et bien le vent en poupe, leur collecte étant en augmentation constante depuis plusieurs mois.

Le mouvement s’est dessiné au fil de l’année 2013, au cours de laquelle les versements sur les supports en unités de compte ont augmenté de 19% pour s’établir à 16,5 milliards d’euros, contre 13,8 milliards en 2012 selon la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA).

Inversion de tendance en 2013

Dans son tableau de bord 2013, la FFSA souligne aussi une légère évolution du rapport de force entre fonds euros et UC : « Contrairement à la tendance des dernières années, le poids des supports unités de compte dans la collecte a augmenté en 2013. En effet, la répartition des cotisations entre supports euros et supports unités de compte a été de 86%/14% contre 88%/12% en 2012. »

Toujours sur l’année 2013, l’encours de ces unités de compte a lui aussi fortement progressé — 1.443 milliards d’euros au 31 décembre 2013, +9% en un an —, notamment grâce à « la bonne tenue de la bourse de Paris et des marchés financiers en général ». Le CAC 40 a en effet progressé de près de 18% en 2013. Conséquence : les supports en UC représentaient au 31 décembre dernier 17% de l’encours de l’ensemble des contrats d’assurance-vie selon la FFSA.

17% de la collecte de l’assurance-vie en 2014

Et la tendance s'est confirmée en 2014. « La proportion de primes en UC dans la collecte totale est ainsi passée de 13% à 15,3 % entre le 4e trimestre 2012 et le 4e trimestre 2013, puis à 17,2% au premier trimestre 2014, dépassant même les niveaux observés en début d’année 2011 (16,3% en moyenne au premier trimestre) », lit-on dans un rapport de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution datant de mai 2014.

Il s’agit là des dernières données officielles sur le sujet, car la FFSA et le GEMA (Groupement des entreprises mutuelles d’assurance) ne communiquent pas de statistiques sur les unités de comptes lors de leurs communications mensuelles sur la collecte de l’assurance-vie. Cependant, plusieurs experts du secteur évaluent encore à ce jour à environ 17% la part des unités de compte dans la collecte réalisée depuis le début 2014. La collecte nette 2014 ayant atteint 14,2 milliards d’euros à la fin juillet, l’économiste Philippe Crevel a pour sa part chiffré la collecte des UC à 2,26 milliards sur le blog du Cercle de l’épargne.

L’économiste y évoque un résultat qui « peut apparaître surprenant au regard de la stagnation des cours sur le marché actions ». En effet, après de fortes hausses en 2012 et 2013, puis une confirmation de la tendance jusqu’en mai en 2014, l’indice du CAC 40 a subi une lourde chute pendant deux mois, de la mi-juin à la mi-août. « Les épargnants continuent à réagir avec un temps de retard aux stimuli de la bourse », analyse Philippe Crevel. Depuis la mi-août, le CAC40 est de nouveau en hausse. Les épargnants risquent donc de continuer à miser sur les unités de compte, histoire de compenser la baisse annoncée des performances des fonds en euros.

Lire à ce propos : Assurance-vie : le rendement moyen des fonds euros attendu entre 2,50% et 2,60% en 2014