Le site internet Good Value for Money s’est intéressé à la composition des fonds en euros de certains assureurs français. Les obligations, d’entreprises ou de dettes souveraines, y restent plus que jamais dominatrices. Mais en période de taux bas, la tentation est grande d’intégrer plus d’actions.

Après avoir analysé la communication des assureurs, puis les rendements 2012 des fonds en euros, Good Value for Money (GVfM) poursuit son travail de décryptage du marché français de l’assurance-vie. Cette fois, le site de prescription s’est intéressé aux actifs qui composaient, fin 2012, les fonds en euros commercialisés en France. « Le premier constat réalisé par Good Value for Money est celui d’une dispersion croissante des politiques financières d’investissement entre les assureurs-vie », explique GVfM, dans un communiqué, pour justifier sa démarche. « L’assuré a de plus en plus intérêt à analyser préalablement l’allocation d’actifs du fonds en euros dans lequel il investit au travers de son contrat afin de vérifier qu’elle correspond bien à ses choix personnels (voire à ses propres convictions). »

Le poids des obligations

Pour ce travail, le site internet a décortiqué les données d’une trentaine de fonds en euros, proposés par 25 sociétés - celles qui jouent la transparence et publient ces informations - « pesant 650 millions d’euros au global », explique GVfM. Sans surprise, les obligations dominent largement. Elles représentent en moyenne 80% des actifs, loin devant les actions (8%), les monétaires (5,5%) et l’immobilier (5%). La part d’obligations monte même à 88% chez Axa France, 89% chez Afer et Ageas France, et même 94% chez Gaipare.

Toutefois, toutes les compagnies ne font pas toutes les mêmes choix d’investissement en la matière. Certaines, comme la Mondiale, privilégient les obligations d’entreprises (76% de l’actif général, contre 24% de titres souverains) ; d’autres, comme ACM Vie (Crédit Mutuel-CIC) misent plutôt sur les obligations de dette souveraine (86% de l’actif général, contre 14% pour les titres corporate). Y compris celles, plus risquées mais aussi plus rémunératrices, de pays fortement touchés par la crise, comme l’Italie, l’Espagne ou l’Irlande. Dans ce domaine, c’est le fonds Cardif, filiale de BNP Paribas, qui est le plus exposé : 8,9% de son portefeuille obligataire est investi dans les dettes de ces trois pays.

Les actions pour « aller chercher du rendement »

Disparités également en ce qui concerne le poids relatif de l’immobilier dans les différents fonds. La moyenne se situe à 5%. Mais cette part peut flirter avec les 10% dans des fonds plus spécifiquement dédiés à la retraite. C’est le cas de l’actif général d’Axa France (9,5%), de celui de Swiss Life (9,4%) ou de deux fonds d’ACMN Vie (Crédit Mutuel Nord-Europe), Internet Opportunités (9,4%) et Sélection Rendement (8,9%). Dans le cas des nouveaux fonds en euros « immobiliers », dont cinq sont intégrés à l’étude de GVfM, le pourcentage de pierre monte en moyenne à 42%, et jusqu’à 87% pour le fonds Sécurité Pierre Euro de Suravenir (Crédit Mutuel Arkéa).

Mais au final, la meilleure manière d’ « aller chercher du rendement » reste l’intégration d’actifs plus risqués, des actions notamment. Celles-ci représentaient en moyenne 8% de la composition des fonds en euros à fin 2012, pourcentage qui monte à 21% dans quelques rares fonds dits « dynamiques ». Une solution d’avenir dans un « contexte de forte baisse des taux d’intérêts », estime GVfM : « il s’agit [d’une alternative intéressante] pour [laquelle] les assureurs-vie rodent progressivement leur approche et les modèles d’investissement et de gestion (…) ».

Mise à jour (15 mai 2013) - Concernant le fonds Cardif, il est exposé aux dettes irlandaises, espagnoles et italiennes à hauteur de 8,9% de son portefeuille obligataire et non pas de son actif général.