Chaque année, plus de 6 millions de véhicules d’occasion sont vendus en France. Mais d’après un expert cité par Le Parisien, 10% au moins de ces voitures afficheraient un mauvais kilométrage. La prudence s’impose donc…

Vous scrutez Le Bon Coin, La Centrale ou Paru Vendu à la recherche d’une voiture d’occasion et trouvez enfin votre bonheur : une Citroën C3 affichant seulement 8 000 km au compteur. Mais, même en prenant contact avec le vendeur et en contrôlant le tableau de bord lors de l’examen du véhicule, comment être sûr que le kilométrage est fiable ? Car rien n’est plus facile que de truquer un compteur. En se procurant un petit boîtier coûtant environ 150 euros et via quelques manipulations simples, un escroc peut en effet trafiquer cette donnée sans souci. Une arnaque commerciale donc (prix d’achat surélevé), un potentiel gouffre financier pour l’acheteur (avec des réparations qui devront être faites plus tôt que prévu), mais aussi un risque pour la sécurité des occupants du véhicule d’occasion…

Dans un article du Parisien, Fabien Cohen-Solal, fondateur d'Autorigin (site Internet permettant de découvrir l'historique d'une automobile), l’affirme : « Au moins 10% des voitures vendues chaque année n'affichent pas le vrai kilométrage. Ce qui représente 600 000 [véhicules] ». Des chiffres qui rejoignent ceux du rapport d’un eurodéputé allemand, qui estimait qu’entre 5% et 12% des véhicules d'occasion sur les marchés nationaux et entre 30% et 50% des véhicules vendus d'un pays à l'autre dans l'Union Européenne étaient manipulés pour faire apparaître moins de kilomètres au compteur que ceux parcourus en réalité. Cette étude avait conduit le Parlement européen, en mai 2018, à demander à la Commission européenne de mettre en place un cadre juridique pour « enregistrer les données des relevés obligatoires de compteurs kilométriques lors des contrôles techniques périodiques, mais aussi lors de chaque visite d'inspection, d'entretien, de maintenance et de réparation ainsi que d'autres visites dans les garages, ce dès la première immatriculation du véhicule ». Un système déjà existant en Belgique par exemple.

Retracer l'historique de la voiture d'occasion

En France, rien de tel n’a encore été mis en place par les pouvoirs publics. Mais les consommateurs ne sont pas complètement démunis pour éviter ce genre d’arnaques : des sites Internet comme Autorigin.com ou Certificare.fr permettent de retrouver l’historique d’une voiture grâce à des données collectées auprès des constructeurs, des distributeurs et des assureurs. Et ainsi de vérifier si la voiture a été utilisée à une époque comme taxi, auto-école, véhicule de société ou de démonstration, s’il y a eu une déclaration de vol, à combien de propriétaires elle a appartenu, quel est le dernier kilométrage connu enregistré, etc. Dans le Parisien, un acheteur, qui a fait appel à Autorigin, témoigne : « Pour une somme modique, 9,90 euros, je suis passé à côté de gros problèmes potentiels. Une courroie de distribution cassée en roulant et le moteur était bon pour la casse, et donc la voiture avec ».

Autres solutions pour tenter de déceler une éventuelle fraude : scruter scrupuleusement les carnets d’entretien et les factures fournies par le vendeur. Si vous le pouvez, n’hésitez pas aussi à faire examiner la voiture avant achat par un concessionnaire de la marque.

En France, la baisse frauduleuse de kilométrage est un délit (délit de tromperie, sanctionné par l'article L213-1 du code de la consommation). Son auteur est passible de 2 ans d'emprisonnement et de 37 500 € d'amende. Mais ce n’est pas ça qui semble dissuader les arnaqueurs…