Vous finalisez un achat sur un site de e-commerce et, sur la page de confirmation, on vous annonce « 16,87 euros remboursés sur votre commande ! ». Faut-il céder à cet appel au « cashback » ? Est-ce vraiment rentable pour vous ? Explications.

Si vous effectuez des achats sur Internet, vous avez sans doute déjà eu ce message, sur la page de confirmation de votre paiement : « Votre commande est terminée. 16,87 € remboursés ! Cliquez ici pour obtenir votre remboursement ». De très nombreux sites de e-commerce affichent en effet ce type d’offre en fin de transaction, sur la page de confirmation et/ou dans le mail récapitulatif de la transaction : Cdiscount, Fnac, Darty, Oui SNCF… pour ne citer que certaines des enseignes les plus fréquentées en France. Plutôt tentant comme offre quand on vient de débourser 10, 30 ou 150 euros. Et si c’est le site auquel on vient de faire confiance en réalisant un achat qui le propose, c’est que l’offre vient de lui, non ?

Ce remboursement alléchant annoncé sur le site du e-commerçant nécessite un abonnement mensuel payant

En réalité, même si ce message reprend la charte graphique du site de e-commerce sur lequel vous êtes, c’est une société externe qui gère ce « cashback », ce « retour d’argent ». Et surtout, ce remboursement alléchant annoncé sur le site du e-commerçant nécessite de souscrire à un abonnement mensuel payant (même si le premier mois est gratuit). Deux entreprises se partagent le marché du cashback dit « payant » (car sur abonnement) : Webloyalty, leader incontesté depuis plus de 10 ans avec son programme Remises et Réductions, et Monetize Angels, l'outsider, avec son Club des Avantages, créé en 2013.

En quoi consiste l’offre de cashback Remises et Réductions ?

En échange d’un abonnement mensuel de 18 euros (prélevé après 30 jours gratuits), le programme de cashback de Webloyalty propose :

  • un remboursement au moment de l’adhésion (les fameux 16,87 euros promis par exemple sur la Fnac ou Cdiscount) ou lors du prochain achat sur le site partenaire
  • un remboursement d’au moins 15% hors taxe sur tous les achats effectués chez les 700 marchands partenaires (dont La Redoute, Yves Rocher, Expedia, Boulanger par exemple…), dans la limite de 500 euros par mois
  • un remboursement « fidélité » supplémentaire de 18 euros par mois calendaire en cas de nouvel achat chez le marchand à la source de votre inscription (soit jusqu’à 216 euros par an)
  • des codes promos
  • une assurance (livraison et casse notamment)

Concrètement, une fois adhérent, vous vous connectez à votre compte sur le site Remises et Réductions, vous cliquez sur l’icône du e-commerçant qui vous intéresse, vous êtes redirigé vers le site et réalisez votre achat, puis Webloyalty calcule automatiquement le remboursement auquel vous avez droit et vous le crédite sur votre compte (par virement) dès que la transaction est bien validée. Vous pouvez également envoyer une demande de remboursement pour un achat qui n’aurait pas été bien « tracké » par le programme.

Un passé polémique qui ternit son image

Par le passé, le programme Remises et Réductions a souffert d’une réputation sulfureuse. En effet, de nombreux consommateurs, attirés par ce retour d’argent inattendu, renseignaient leurs coordonnées bancaires, pensant ainsi obtenir le remboursement promis de la part du cybermarchand chez qui ils venaient de commander, alors qu’ils adhéraient en fait à un abonnement mensuel au programme externe de cashback sans l'avoir voulu.

De nombreux consommateurs adhéraient à un abonnement payant au programme sans l'avoir voulu

Il faut dire qu’à l’époque, le message de remboursement sur la page de confirmation de l’achat ne mentionnait absolument pas l’abonnement payant au programme de cashback et encore moins son montant mensuel... Résultat : plusieurs voix s’étaient élevées contre cette forme de tromperie, qui conduisait à des prélèvements non souhaités : « fausses bonnes affaires » selon le magazine 60 millions de consommateurs, « piège » d’après l’UFC-Que Choisir, « arnaques » dixit le sénateur Christian Cambon… Sans compter les promoteurs du cashback gratuit, réunis au sein du Syndicat National du Marketing à la Performance, qui accusaient Webloyalty et Monetize Angels de tromper les consommateurs avec leur abonnement caché et de donner une mauvaise image du cashback. Car, pour se faire rembourser une partie de ses achats Internet, il n’y a pas besoin de souscrire à un abonnement mensuel. Les sites eBuyclub, Poulpeo ou encore iGraal proposent également des remboursements sur les transactions internet, certes avec des pourcentages de cashback moins alléchants, mais sans avoir besoin de débourser le moindre centime dans une adhésion mensuelle.

Une offre plus transparente aujourd’hui qu’hier

Entre la communication des débuts et celle de 2019, l’offre de Webloyalty a gagné en honnêteté. Désormais, de petites lignes précisent dès la page ou le mail de confirmation de commande, que l’adhésion à Remises et Réductions coûte 18 euros par mois après 30 jours d’essai gratuit. En cliquant pour obtenir le remboursement, on voit bien que l’on quitte le site du e-commerçant et qu'on arrive sur un site partenaire, où les conditions d’adhésion sont mentionnées. Sur le formulaire où l’on indique ses coordonnées de carte bancaire, il est bien question de « droits d’adhésion de 18 € mensuels ». On retrouve aussi la référence du prélèvement qui sera effectué chaque mois sur son compte bancaire : « wly* remisereduc.fr ».

La police de caractère, minuscule, peut en revanche dissuader les phobiques administratifs de lire le texte

La police de caractère, minuscule, peut en revanche dissuader les phobiques administratifs de lire l’intégralité des conditions d’abonnement, pourtant essentiel pour ne pas s’engager à l’aveugle. Autre élément incitant à la méfiance : une fois abonné au programme Remises et Réductions, Webloyalty pousse le bouchon trop loin en vous proposant un autre programme de cashback : Loisirs&Privilèges, à 15 euros par mois. Un abonnement qui peut clairement faire doublon avec le premier et que vous aurez sans doute du mal à rentabiliser.

Certains consommateurs encore mécontents

Malgré l’effort de transparence opéré depuis quelques mois, on constate à la lecture des messages postés sur des forums de consommateurs que certaines personnes rejoignent encore le programme de cashback sans l’avoir réellement voulu. Par ailleurs, sur les réseaux sociaux, certains internautes n’apprécient pas qu’une enseigne à laquelle ils font confiance héberge cette offre payante de cashback. Interrogée sur une éventuelle rupture du lien de confiance qui l'unit à ses clients en cas de mauvaise expérience avec Webloyalty, Oui SNCF affirme « prêter attention » aux commentaires négatifs qui, selon elle, « restent minimes et ne représentent pas le sentiment général de [ses] clients ». « Notre service client est à disposition […] pour répondre aux clients qui ne seraient pas familiers avec la pratique du cashback […]. Nous voulons être le plus transparent possible dans le parcours client proposé avec Webloyalty et nous nous sommes assurés que c’était également le cas dans le processus d’adhésion » nous a précisé la direction de la communication du site marchand.

Un cashback très rentable pour les sites partenaires

Outre le trafic (et donc les transactions) que peut leur apporter le programme de cashback, les sites de e-commerce sont payés par Webloyalty et Monetize Angels pour faire figurer l’offre d’abonnement sur leurs pages de confirmation d’achat. L’une de nos sources, qui souhaite rester anonyme, évoque un revenu qui pourrait tourner par exemple aux alentours de 150 000 euros par mois pour Oui SNCF (qui, de son côté, refuse de confirmer cette donnée, tout comme Webloyalty). En extrapolant, cela représenterait 1,8 million d’euros par an. Quasiment rien (0,038% si l’estimation s’avère exacte) au vu des 4,7 milliards d’euros de volumes d’affaires générés par le champion français du e-tourisme en 2018, mais une ressource qui reste intéressante puisqu’elle ne coûte rien… En 2014, un acteur du cashback gratuit estimait dans une interview au JDN que ce revenu additionnel était « de la marge pure », pouvant représenter « jusqu'à 20% » du résultat d'exploitation de certains sites marchands.

Et pour vous, un cashback rentable ?

C'est la question centrale et la réponse ne peut qu'être nuancée : tout dépend évidemment de vos habitudes d’achat sur le net. Si vous effectuez peu de transactions en ligne, passez votre chemin, vous n’arriverez pas à rentabiliser le coût mensuel de l’adhésion au programme. Si vous effectuez l’essentiel de vos achats via Amazon, oubliez également : l’enseigne américaine, n°1 incontesté du e-commerce dans l’Hexagone, n’est pas partenaire de Remises et Réductions ou du Club des Avantages.

Si vous effectuez peu de transactions en ligne chaque mois ou si vous commandez tout ou presque sur Amazon, passez votre chemin

En revanche, si vous êtes un client régulier d’autres sites web, le programme de Webloyalty peut s’avérer rentable (pour le Club des Avantages de Monetize Angels, le nombre de partenaires - une cinquantaine seulement - nous paraît trop faible pour espérer rentabiliser votre abonnement). Mais vous devez absolument éclaircir certains points pour savoir si vous serez gagnant.

Vérifiez la liste des partenaires du programme et comparez-la à vos habitudes d’achat sur le web. Webloyalty annonce 700 marchands partenaires, qui peuvent toutefois se retirer sans préavis. Ennuyeux si votre offre de fidélité mensuelle est basée sur une enseigne qui quitte le programme ou si l’essentiel de votre cashback émane d’une marque qui n’est plus éligible… Par ailleurs, la liste des partenaires ne peut pas être trouvée depuis la page d’accueil du site (on vous aide, elle est ici).

Intéressez-vous aux pourcentages de cashback proposés. Là, c’est encore plus compliqué sans être connecté (et donc sans avoir adhéré préalablement à l’offre). Dans ses conditions générales, Webloyalty promet 15% hors taxes minimum de cashback chez ses partenaires. Ca peut donc parfois être plus chez certains e-commerçants. Il est mentionné que « les conditions d'obtention et montants des avantages vous seront précisés lors de votre adhésion au programme et figureront également en permanence dans votre espace membre du site ». Pas très transparent pour savoir à l’avance ce que l’on peut tirer d’un abonnement.

Lisez les avis (les meilleures notes comme les plus défavorables) sur l’offre et faites-vous votre propre opinion sur le sérieux du site et sur l’adéquation avec vos habitudes d’achat.

Comparez l’offre payante de cashback avec l’offre gratuite des sites eBuyClub, Poulpeo, iGraal… Pour rappel, ces derniers ne vous font payer aucun abonnement mensuel et proposent eux aussi des retours d’argent sur vos achats en ligne (souvent à des pourcentages moindres mais pas toujours : mi-décembre, eBuyClub proposait par exemple 17% de cashback chez Yves Rocher, contre 15% pour Remises et Réductions). Si vous avez peur de ne pas rentabiliser une adhésion payante, vous pouvez faire vos premiers pas dans le cashback dans sa version gratuite.

Si vous décidez de vous abonner, choisissez au mieux votre période pour le faire. Si l’essentiel de vos achats se concentre en novembre-décembre (Black Friday, Cyber Monday et Noël), il peut être intéressant de bénéficier du mois gratuit à cette période. Un exemple : avec un achat sur la Fnac le 22 novembre et une adhésion dans la foulée, vous pouvez bénéficier des 16,87 euros d’offre de bienvenue, de 18 euros de fidélité au titre du mois de novembre si vous effectuez un autre achat sur Fnac.com d’ici la fin du mois de novembre, de 18 euros de fidélité au titre du mois de décembre si vous effectuez un autre achat sur Fnac.com d’ici le 20 décembre, et de cashback sur vos achats réalisés avant le 20 décembre chez d’autres partenaires du programme (15% chez Darty, 15% chez Boulanger, 15% chez PicWicToys, etc). Le tout sans dépenser le moindre centime si vous résiliez votre abonnement dès le premier mois. Webloyalty nous l’a confirmé : « Ces 30 premiers jours d’essai gratuit sont une véritable période d’essai pendant laquelle les membres peuvent obtenir des avantages et les conserver même s’ils résilient leur adhésion au terme de cette période ».

Servez-vous du mois gratuit, voire du premier mois payant, pour tester le service. Vérifiez la facilité ou non à obtenir l’offre de remboursement, l’offre de fidélité et les cashbacks. Si vous constatez des achats effectués mais non répertoriés sur le site, des remboursements qui n’arrivent pas, testez également la réactivité du service client. Et désabonnez-vous si le programme ne vous convient pas. Webloyalty l’affirme : « L’adhésion est sans durée d’engagement et résiliable à tout moment et facilement par téléphone, email, sur notre site… ».

Suivez attentivement vos achats et remboursements, pour vérifier que le cashback auquel vous êtes éligible arrive bien dans votre poche. Si vous pensez ne pas être très rigoureux dans ce suivi, il y a des risques que vos 18 euros d’abonnement mensuel ne soient guère couverts par vos cashbacks.

Le jeu en vaut-il la chandelle ?

Prenons le montant moyen d’achat sur Internet des Français en 2018 (source Fevad) : 2 420 euros. Retirons de ce montant 20% puisqu’Amazon, non partenaire de ces programmes de cashback, capte 1 euro dépensé sur 5 sur le web en France. On obtient 1 936 euros. Imaginons que 80% de ces achats restants soient effectués sur des sites partenaires de Remises et Réductions (ce qui est sans doute loin d’être le cas) et qu’ils bénéficient de 15% de cashback (ce qui est le montant minimum mais hors taxes – pour simplifier nos calculs, on l’applique toutefois TTC, venant compenser les éventuels pourcentages plus favorables chez certaines enseignes), cela représente 233 euros de cashback sur l’année. Ajoutons à cela 18 euros d’offre de bienvenue et 108 euros d’offres de fidélité (en estimant que l’abonné a effectué un achat dans son enseigne « favorite » lors de 6 mois calendaires sur 12). 233 + 126 = 359 euros de cashback récupérés. Auxquels il faut retrancher les 198 euros d’abonnement pour l’année. On arrive à 161 euros de gains hypothétiques dans notre exemple, soit un peu plus de 13,40 euros par mois.