12 euros par mois, en moyenne, pour des appels illimités et 50 Go de data : dans aucun autre pays riche, les forfaits mobiles ne sont moins chers qu’en France. Une situation qui profite au consommateur, mais pèse sur la rentabilité des opérateurs.

Une couverture 4G quasi totale (99,34% des foyers couverts) et des forfaits à prix bas : par certains aspects, la France ressemble à un paradis du mobile. C’est en tout cas ce qui ressort de l’étude annuelle, publiée hier lundi, de la Fédération française des télécoms, organisation professionnelle représentative des opérateurs (1).

Pour obtenir un forfait mobile avec appels/SMS illimités et 50 Go de data, nous payons à l’heure actuelle 12 euros par mois en moyenne, un prix qui n’a jamais été aussi bas. Aucun pays comparable à la France ne fait mieux : si les Italiens (12 euros) et les Britanniques (13 euros) règlent à peu près la même chose, ce n’est pas le cas des Espagnols (41 euros), des Allemands (45 euros) ou des Etats-Uniens (65 euros).

Merci Free !

On peut remercier Free pour cela. L’arrivée en 2012 du 4e opérateur mobile, avec son forfait d’entrée de gamme à 2 euros, a entraîné une chute brutale du prix des services télécom. Pour rivaliser, les trois opérateurs historiques Orange, Bouygues et SFR ont dû se convertir au low-cost, lançant respectivement Sosh, B&You et Red by SFR. Résultat : en 10 ans, l’indice des prix des services télécom (mobile et internet confondus) a baissé de 42%. C’est évidemment le seul secteur régulé dans ce cas : dans le même temps, le train a augmenté de 18%, le gaz de 35%, l’électricité de 39% et les services postaux de 43%.

Les télécoms font ainsi partie, avec la santé ou l’habillement, des postes de dépenses dont la part baisse dans le budget des Français, à l’inverse du logement, des transports, de l’alimentation ou des loisirs : 1,9% en 2018, contre 2,9% en 2009.

La data explose

Cette baisse des prix est d’autant plus remarquable que dans le même temps, nos usages mobiles ont explosé. 95% des Français de plus de 12 ans possèdent désormais un portable, et 77% un smartphone. Pour alimenter les grands écrans de ces derniers, nous consommons de plus en plus de données : 8,3 giga-octets (Go) par abonné, en moyenne, au 2 trimestre 2019. Soit l’équivalent de 305 heures de streaming audio ou de 8 heures de streaming vidéo.

Depuis 2016, ce chiffre a augmenté de 63% par an en moyenne. Mais si on élargit la perspective, la hausse est encore plus vertigineuse : en 10 ans, la quantité de données consommées par carte SIM a été multipliée par… 368 !

Des destructions d’emplois en contrepartie

Pour suivre l'évolution des usages, les opérateurs télécom ont dû investir massivement, notamment dans le déploiement de leurs réseaux 4G. Leur effort d’investissement a ainsi augmenté de 8,1% par an, en moyenne, sur les dix dernières années.

Des dépenses en hausse, d’un côté ; un chiffre d’affaires en baisse de l’autre : sous tension, les opérateurs télécoms français ont dû faire des choix. Et c’est l’emploi qui a trinqué : dans le même temps, les effectifs des opérateurs ont diminué de 2,4% par an. La contrepartie des forfaits à prix cassé.

(1) Etude « Economie des télécoms » réalisée par le cabinet de conseil Arthur D. Little pour le compte de la Fédération française des télécoms.