Pour faire gonfler la facture de certains de ses forfaits, SFR applique des augmentations de prix automatiques de 2 ou 3 euros par mois, en l’échange de data supplémentaire que ses clients n'ont pas demandée. Une pratique à la limite de la légalité, qu'on retrouve chez tous les opérateurs.

En matière d’internet et de téléphonie, les Français sont des chanceux : en 10 ans, de 2007 à 2017, le prix mensuel moyen HT des forfaits mobiles a été divisé par deux, passant de 30 à 16 euros (1), et cela malgré l’explosion de la quantité de données échangées. Parmi les grands pays occidentaux, la France est ainsi, de très loin, celui où la facture télécom des particuliers est la plus faible : le forfait mobile moyen y coûte 2 fois moins cher qu’en Grande-Bretagne, 3 fois moins qu’en Allemagne et 5 fois moins qu’aux Etat-Unis !

Cela tient, pour une grande part, à une spécificité : là où dans les autres pays, le marché se répartit généralement entre 3 grands opérateurs, la France en compte 4, depuis le lancement en 2012 de Free mobile, aux côtés d’Orange, de Bouygues Télécom et de SFR. Résultat : une concurrence plus féroce encore qu’ailleurs, qui n’a cessé de pousser les prix vers le bas, parfois aux dépens de la qualité de service.

Légal, mais pas fair play

Parmi ces 4 acteurs, deux ont été particulièrement agressifs pour capter des parts de marché : Free, l’outsider, mais aussi SFR. Avec sa marque low cost Red, ce dernier a, notamment, été le premier opérateur à rendre pérennes ses offres spéciales à prix cassé, auparavant limitées dans le temps (12 mois en général).

Ce coup marketing de Red by SFR s’accompagne toutefois de pratiques commerciales moins glorieuses. Comme le pointe UFC-Que Choisir sur son site web, l’opérateur a averti ces derniers jours certains de ses clients que leur forfait mobile allait s’enrichir de data supplémentaire, 20 ou 30 Go selon les cas. Même chose pour certains abonnés fibre, à qui on promet une hausse de débit. Mais ces « bonnes nouvelles » ne sont pas gratuites : elles s’accompagnent d’un hausse du prix mensuel, de 2 ou 3 euros selon les cas. Une inflation qui s’applique par défaut, en l’absence de démarche engagée par le client. Pas illégal, puisque ce dernier a la possibilité de refuser, mais pas très fair play : l’usager peu attentif risque ainsi de payer pour des services supplémentaires qu’il n’a pas demandés.

Un nouveau standard de marché ?

SFR n’est d’ailleurs pas le seul opérateur à utiliser ce type d’entourloupe pour gonfler, a posteriori, le prix de ses forfaits à prix cassés. C’est même en train de devenir un standard de marché. Free vient ainsi de prévenir ses clients que l’accès à Youboox, un service de livres numériques jusqu’ici gratuit, allait devenir payant : 0,99 euro par mois. Là aussi, à charge pour le client de se désabonner s’il ne veut pas voir sa facture augmenter. Même chose chez Orange (+3 euros par mois pour le forfait Open 2 heures, en échange d’appels supplémentaires) ou B&You, marque low-cost de Bouygues Telecom (+2 euros par mois sur le forfait 40 Go, en échange de 10 Go supplémentaires).

Quelques conseils, donc : soyez attentif aux courriels reçus de votre opérateur, vérifiez vos factures et prélèvements, et si vous êtes mécontent, n’hésitez pas à demander la portabilité de votre ligne : changer de forfait, en effet, est désormais aussi simple que de changer de crémerie.

(1) Source : Etude IDATE, Fédération françaises des télécoms, décembre 2018.