Attention terrain glissant ! Chaque année, à l'automne, les banques et autres sociétés patrimoniales vantent leurs solutions de défiscalisation. Mission : investir fin 2023 pour réduire l'impôt sur le revenu à régler en 2024. Mais gare aux pièges et aux erreurs de précipitation.

1 – FIP-FCPI : attention aux frais élevés

Lorsqu'il s'agit de réduire l'impôt sur le revenu, les fonds communs de placement dans l'innovation (FCPI) et fonds d'investissement de proximité (FIP) font partie des premiers choix, notamment dans les banques. Parce que le ticket d'entrée est abordable (1 000 ou 2 000 euros par exemple), et parce qu'ils permettent d'espérer une réduction d'impôt pouvant atteindre 25% des sommes investies, voire 30% dans le cas des FIP Corse et outre-mer.

Les points faibles ? Ils sont nombreux. Tout d'abord, un coût potentiellement significatif avec frais d'entrée et autres frais récurrents : de gestion, de constitution, ou frais indirects. Pour éviter les abus, les frais annuels sont désormais limités à 3% à partir de 4 ans de détention et l'ensemble des frais et commissions ne peuvent plus dépasser 30% du versement initial. « Il existe de très bons gérants de FIP et FCPI mais, comme il ne s'agit pas de grosses enveloppes et à cause des contraintes règlementaires, les frais sont élevés », prévient Yves Gambart de Lignières, conseiller en gestion de patrimoine indépendant (CGPI), qui précise que ces fonds fiscaux ont perdu de leur attrait depuis la suppression de l'ISF.

Attention à bien comparer les fonds disponibles. Les autres bémols sont inhérents au fonctionnement des FIP et FCPI : l'argent investi est indisponible pendant près d'une dizaine d'années, les délais de remboursement sont parfois allongés, le rendement financier reste hypothétique, et l'investisseur risque évidemment de perdre une partie de sa mise.

2 – Sofica : un improbable retour sur investissement

« C'est bien pour être invité à des avant-premières », ironise le gérant du cabinet De Lignières Patrimoine à propos de ces sociétés investissant dans l'industrie audiovisuelle et cinématographique.

« C'est bien pour être invité à des avant-premières »

Si l'avantage fiscal est élevé (30% à 48% des sommes versées selon les Sofica), le remboursement du capital investi n'a rien de garanti : « C'est monté de telle sorte que l'on récupère globalement ce que l'on a investi, car le gain fiscal est le plus souvent absorbé, en grande partie, par les pertes en capital. » Par ailleurs, comme pour les FIP et FCPI, l'argent n'est disponible qu'au terme d'un délai de 5 ans minimum. A souscrire en connaissance de cause.

3 – Plan d'épargne retraite : comparez les frais d'entrée

Désormais, épargne pour la retraite est synonyme de Plan d'épargne retraite (PER). Mais attention : « les acteurs du marché prélèvent trop de frais ». Cet avertissement, c'est le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire lui-même qui l'a envoyé 2 ans après le lancement du produit ! Depuis, des efforts de transparence mais pas encore de baisse d'ampleur des frais affichés, si bien que la création d'un observatoire dédié au suivi des frais des PER est à l'étude.

Plan épargne retraite : les frais qu'il faut réussir à comparer

Pour l'heure, il s'agit bel et bien du point noir du PER individuel : « Certains gestionnaires mettent en avant l'économie d'impôts, estiment que l'épargnant est anesthésié et se permettent de charger les frais », alerte Gilles Belloir, directeur général du courtier Placement-direct.fr. Certaines banques et autres assureurs facturent tout versement à un niveau proche du maximum légal de frais d'entrée, 5%. Des frais que vous pouvez négocier, ou comparer, à l'image des contrats d'assurance vie.

Les 3 pièges du PER

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4 – Pinel : « l'emplacement, l'emplacement... »

Premier constat : un investissement immobilier locatif, pour profiter de l'avantage fiscal Pinel, ne s'improvise pas. Il ne s'agit donc en rien d'un investissement de dernière minute. D'une part car l'investissement est conséquent, sans garantie de plus-value à la revente du bien, d'autre part car la réduction d'impôt s'étale sur 6, 9 ou 12 ans. Principal point de vigilance, avant d'investir sur un logement « Pinel » : s'assurer que le logement en question dispose bel et bien d'un fort potentiel de location. « L'emplacement, l'emplacement, l'emplacement », pour reprendre la formule consacrée à l'immobilier locatif, de façon plus générale.

« L'emplacement, l'emplacement, l'emplacement »

Sous ses formes précédentes, Robien, Borloo ou Scellier, cette incitation fiscale à l'investissement locatif a ainsi fait l'objet de polémiques, la faute à des projets implantés dans des communes à faible demande locative. Depuis, le zonage a été corrigé, et l'investissement Pinel n'est plus possible depuis 2018 en zone rurale et villes moyennes. Dans ces zones, le dispositif Denormandie a pris la suite, dans un nombre limité de communes éligibles.

5 – SCPI fiscales : un rendement très aléatoire

Investir en immobilier locatif Pinel reste toutefois envisageable, même en fin d'année, grâce aux sociétés civiles de placement immobilier (SCPI). Certaines, surnommées SCPI fiscales, sont ainsi présentées comme « SCPI Pinel », ou encore « SCPI Malraux » pour faire référence à un autre dispositif fiscal. Elles sont donc montées de façon à faire profiter les souscripteurs de l'avantage fiscal nommé, tout en présentant un ticket d'entrée abordable, puisqu'il se chiffre en milliers d'euros.

Le hic ? « C'est parfois compliqué de sortir de ces SCPI », prévient le CGPI Yves Gambart de Lignières, « et la plus-value est souvent très décevante. » A la différence des SCPI dites « de rendement », ces sociétés ne sont en effet pas investies dans les commerces ou les bureaux, ce qui ne permet pas d'espérer les 4% à 6% de rendement affichés par ces SCPI stars. Parfois... la plus-value peut même se transformer en moins-value, ce placement n'offrant pas de garantie en capital.

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D'autres pistes pour défiscaliser en fin d'année

D'autres solutions existent pour réduire vos impôts. Le conseiller en gestion de fortune Yves Gambart de Lignières oriente plus facilement ses clients vers le Girardin industriel ou social (et, pour l'exonération de la plus-value, vers les FCPR-FPCI), à conseiller toutefois uniquement à un public fortuné, à très forte imposition.

L'investissement en direct dans les PME s'est lui démocratisé avec les plateformes de crowdfunding mais, là encore, le pari est risqué. Chaque produit de défiscalisation porte logiquement son lot de désavantages, plus ou moins importants, puisque l'Etat favorise ces produits pour inciter les contribuables à investir sur des secteurs boudés en l'absence de carotte.

Si l'objectif est uniquement de réduire l'impôt de l'année suivante, sans volonté de retour sur investissement, il reste une solution sans risque : le don. Donner aux organismes d'aide aux personnes en difficulté ouvre droit à une réduction d'impôt de 75% du versement, dans la limite de 1 000 euros en 2023, le relèvement exceptionnel du plafond ayant été prolongé depuis la crise sanitaire. Avec les associations d'intérêt général, cette réduction passe à 66%, dans la limite de 20% du revenu imposable.

Défiscalisation : quelle réduction d'impôt pouvez-vous obtenir chaque année ?