Trois ONG appellent jeudi la finance française à exclure commercialement 417 entreprises liées au charbon et à présenter une stratégie de sortie du secteur à horizon 2040 dans le monde à l'occasion de la prochaine réunion internationale sur le climat (COP25) en Espagne.

L'ONG française Les Amis de la Terre, associée à la néerlandaise BankTrack et à l'initiative Unfriend Coal visant le secteur de l'assurance, ont décidé d'accentuer la pression sur la place financière française, qui s'était engagée le 2 juillet dernier à fournir « un calendrier de sortie globale du financement des activités charbon », rappellent ces associations dans un rapport.

A l'approche du « Climate finance day » qui aura lieu le 29 novembre et de la COP25 début décembre, elles incitent les acteurs financiers français à « annoncer l'exclusion immédiate des 417 entreprises qui développent de nouveaux projets charbon et une stratégie permettant au plus tard une sortie du charbon d'ici 2030 dans les pays de l'UE et de l'OCDE et d'ici 2040 ailleurs ».

« Dix règles pour sortir du charbon »

Ces deux demandes font partie des « dix règles pour sortir du charbon » présentées dans leur rapport. Le secteur financier y est aussi invité à ne plus soutenir directement « des projets, nouveaux ou existants, de mines, centrales et infrastructures charbon », et à prendre des mesures contraignantes envers des clients impliqués dans le charbon afin de les amener à cesser leurs activités dans ce secteur.

Par exemple, il est demandé de suspendre la fourniture de services financiers « aux entreprises qui vendent des équipements pour la construction de nouveaux projets charbon ou achètent des actifs charbon existants » et à ne les rétablir qu'une fois que ces entreprises se seront engagées à cesser ces activités.

Les banques françaises pointées du doigt

Ce rapport scrute également les annonces et actes de plusieurs grands groupes financiers français. A partir de données financières fournies par l'association de recherche néerlandaise Profundo, les ONG désignent le groupe bancaire BNP Paribas comme « le plus gros financeur français des entreprises » développant de nouvelles centrales à charbon, « avec pas moins de 2,2 milliards de financements accordés à ces entreprises rien qu'en 2019 ».

Si l'assureur Axa est reconnu pour sa politique d'investissement dans le charbon intégrant des exclusions plus poussées, les ONG lui reprochent de proposer des couvertures d'assurance à des entreprises développant des projets charbon, comme par exemple à Adani Mining, la filiale australienne du conglomérat indien Adani, responsable du méga projet de mine Carmichael en Australie.

Les banques Société Générale et Natixis sont pointées du doigt pour leurs stratégies charbon ne permettant pas, selon les auteurs du rapport, de sortir du secteur « dans les temps impartis par la science climatique ».