Des commerciaux qui mentent sur l'entreprise qu'ils représentent, qui utilisent des arguments farfelus pour vous faire changer de fournisseur d'énergie, qui vous font signer des contrats sans vous le dire... Le démarchage à domicile ou par téléphone peut se solder par des abus. Conseils pour éviter les arnaques.
Mi-octobre, Engie (anciennement GDF) a été condamné à 900 000 euros d'amende pour démarchage abusif. La Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) reproche notamment au fournisseur d'énergie d'avoir vendu des contrats par téléphone à des consommateurs sans avoir confirmé l'offre ensuite par courrier ou courriel (ce qui est obligatoire). Autre grief : la société n'aurait pas donné suite à des demandes légitimes de rétractation de la part d'abonnés. En mars, déjà, le fournisseur avait été condamné par la Cour d'Appel de Versailles à verser 1 million d'euros de dommages et intérêts à EDF pour concurrence déloyale. Certains démarcheurs, sous-traitants d'Engie, n'hésitaient pas à expliquer qu'EDF n'existait plus et que « Engie » était le nouveau nom de l'opérateur historique de fourniture d'électricité.
L'ex Gaz de France n'est pas le seul fournisseur à s'attirer les foudres des consommateurs mais il est le n°1 des plaintes (1). Les mauvais élèves du démarchage à domicile se nomment principalement « Engie, Eni, Total », précise Jean Gaubert, le Médiateur national de l'Energie, qui recense de nombreux litiges. « Le niveau de plaintes que nous avons est un petit peu plus élevé chez Engie parce que leur force de frappe est plus importante que Eni en particulier. Mais ce sont sans conteste les deux opérateurs qui sont le plus actifs sur le marché du démarchage. Total Direct Energie s'y remet aussi et on a appris l'autre jour qu'Iberdrola devenait actif sur certains secteurs ». Même constat d'une hausse des conflits chez la DGCCRF, le « gendarme » du secteur. En 2018, le démarchage à domicile ou téléphonique était « en hausse de 47% » et les signalements de pratiques commerciales trompeuses avaient augmenté de 69% (2).
Le démarchage téléphonique, facile à contourner
70% du démarchage pour les contrats d'électricité et de gaz s'effectue par téléphone (3). Dans ce cas, c'est assez simple : il suffit de dire que l'on n'est pas intéressé et de raccrocher bien vite pour ne pas se faire « embobiner ». Sur un smartphone, on peut aussi mettre le numéro du démarcheur sur « liste noire » (les prochains appels de ce numéro seront automatiquement bloqués et votre appareil ne sonnera pas). Concernant un téléphone fixe, une inscription sur Bloctel est susceptible de limiter le flux d'appels.
Le démarchage à domicile, fléau pour les personnes fragiles
Lors d'un démarchage à domicile, il peut être plus compliqué de se « débarrasser » d'un commercial. « Quand le démarcheur est dans le logement, c'est plus difficile de le mettre dehors, surtout qu'il peut y avoir un rapport de force qui s'instaure entre l'occupant du logement et le commercial », reconnaît Jean Gaubert. Les principales victimes sont les personnes âgées, et/ou seules, et les personnes en difficulté sociale. « Les démarcheurs sont le plus souvent très polis. Et avec ça, ils arrivent à obtenir des contrats qui ne relèvent pas simplement du libre arbitre du consommateur ».
D'où la solution la plus radicale pour éviter d'être importuné, suggérée par la CLCV, association de consommateurs : « Si vous ne souhaitez pas changer de fournisseur, ne faites pas entrer [le commercial]. Il s'agit de la solution la plus simple et la plus efficace pour éviter de tomber dans le piège des démarcheurs. C'est en tout cas la première résolution des consommateurs trompés lors d'un démarchage à domicile ».
Pour éviter les arnaques, si vous avez ouvert votre porte, il y a une règle d'or rappelée par le Médiateur de l'Energie : « Ne rien signer dès le premier jour. Il faut dire au démarcheur : « Si vraiment vous pensez que votre produit est bon, revenez dans 5 jours, j'aurai le temps de réfléchir et je verrai si je dis oui ». Il ne faut pas signer non plus le fameux « accusé de visite ». Le commercial peut vous dire : « C'est juste pour justifier à mon patron ou à mon donneur d'ordre que je suis passé chez vous » mais en réalité c'est parfois le contrat qui est dessous et que vous signez ».
Marie RIALLAND
Après une licence en droit et sciences politiques à Nantes puis un master de journalisme au CELSA en 2005 (Paris-Sorbonne), Marie Rialland s'est... Lire la suite
© MoneyVox / MR / Octobre 2019